Quand j'étais môme, maman se précipitait, bras ouvert, dès que j'ébauchais la moindre crise. C'était délicieux de fondre en larmes ... Papa me grondait un peu. Un garçon, ça ne pleure pas ... J'ai grandi. J'ai tari mes larmes. Mais pour ne pas perdre tes câlins de velours, maman, j'ai appris à chanter. Tu te souviens quand tu m'as amené à l'Opéra pour la première fois ? J'avais huit ans. Tu as essoré ton mouchoir toute la soirée, j'étais terrorisé. Je ne savais pas comment te consoler ...
Cet opéra-là, le premier de ma vie, c'était La Juive. Maintenant, il est interdit. Depuis ce jour-là je le sais, la peur, la douleur, la passion, la colère, la joie, la résistance, tout est dans l'opéra, tout.