L'incompétence, l'inefficacité ou le mépris affiché d'un certain nombre de fonctionnaires font qu'on est tout ébahi le jour où l'on est reçu par un travailleur social souriant et plein d'esprit.
À moins de l’avoir vécu, il est difficile de comprendre ce qu’est la blessure de l’errance.
Mais je vous assure qu’il y a une grande différence à s’installer chez quelqu’un parce qu’on y est invité, pour des vacances par exemple, et à vivre chez lui parce qu’on vous offre l’hospitalité comme un dernier recours.
Pour l'avoir côtoyée pendant dix longues années, je sais désormais ce qu'est la violence de la pauvreté.
Le pauvre est une personne. La misère est un fléau.
Deux évidences qu'il est urgent de rappeler à tous !
Nous avons besoin de nous ancrer quelque part, de créer notre chez soi. Sans maison, on n'est plus que l'ombre de soi-même.
Pour ma part, le jour où j'ai fermé définitivement la porte de mon appartement, j'y ai laissé une partie de mon coeur et une partie de mon âme.
Car dans notre monde en crise, le pauvre n'est plus celui qu'il était autrefois. Il n'est plus à plaindre, il est à surveiller de près. Rendez-vous compte, il ne sait pas gérer son argent. Et comme il n'a aucun sens des priorités, il dépense pour des choses futiles, faisant fi des essentiels, alors qu'on dépense pour lui "un pognon de dingue" afin de lui assurer des prestations sociales. Aujourd'hui les dépenses du pauvre obsèdent beaucoup plus que ses privations. Et il n'y a qu'un pas à franchir pour se dire que si l'on était à sa place, on s'en sortirait parce qu'on ferait mieux que lui ! Pour résumer, le pauvre est l'objet d'une nouvelle construction sociale dans laquelle il perd son caractère de victime et devient celui qui fait obstacle au bon fonctionnement de l'économie. On lui attribue des préjugés simples, faciles à répéter, à colporter.
Toutes ces ruptures de vie, tous ces échecs successifs... J'avais le sentiment d'avoir perpétuellement à entreprendre un travail de deuil : deuil de ma santé, de mon appartement, de mes finances, de mes amis, de ma famille... Je vivais tour à tour dans la colère, la résignation, la désillusion, la tristesse et l'amertume. Je ne souhaitais plus qu'une chose : rentrer dans ma grotte et tirer le rideau.
Ah l'argent ! S'il n'existait pas, il faudrait l'inventer ! Il a pris une telle place dans nos vies qu'on en est arrivés à détester ceux qui n'en ont pas. Tout le monde veut de l'argent. Tout le monde court après l'argent ! Pas dans un but altruiste, mais pour combler une gigantesque frénésie de consommation. Notre identité n'est plus humaine, elle est marchande.
On rencontre, comme ça dans la vie, des gens qui ont un je-ne-sais-quoi rendant vos journées plus belles. Des "petits rayons de soleil" qui viennent se glisser malicieusement entre les sombres nuages, un peu comme s'ils étaient missionnés pour distribuer un peu de bonheur.