Nadine Bari

A force de réfléchir, il arrive devant la maison basse de la famille Nguyen. Une maison typique des familles vietnamiennes pauvres : tôle et bois. Mais la pauvreté, il connaît : en Guinée, la case de son père ne valait pas mieux. Maligui ôte ses chaussures avant de franchir le seuil, car ici comme en Afrique, tout commence par les pieds : si vous respectez quelqu’un, vous vous déchaussez avant de pénétrer dans son salon, ou dans sa chambre. Et puis, il ne tendra pas la main à la française, non. Il sait qu’ici, on salue en joignant les mains comme pour une prière et il a toujours trouvé la méthode infiniment meilleure que la française. Elle lui vient d’ailleurs tout naturellement ce matin, pénétré qu’il est de la solennité de sa démarche. Il attend, debout sur le seuil, qu’on l’invite à entrer : le contraire serait très mal perçu au Vietnam.