Nadine Le Forestier est neurologue au sein du département de Neurosciences de l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris. Son activité clinique auprès des malades atteints de sclérose latérale amyotrophique, l'a amenée à réfléchir sur l'éthique de la prise de parole au cours du soin.
Depuis octobre 2019 elle est membre de la Cellule de support éthique (CSE) de la Pitié-Salpêtrière, créée suite à l'épidemie de Covid.
Face à la maladie incurable, assuré de ses acquis du savoir, le soignant, au cours de la mise en mots de son impuissance, se doit d’incarner un savoir-être Homme au service de l’autre Homme dont il révèle la vulnérabilité.
Comme pour toutes les autres pathologies, un problème particulier ressort des forums. Certes, leur existence est capitale, faisant office de lieu d’échange d’informations et de soutiens. Mais il faut reconnaître que les personnes qui passent beaucoup de temps sur ces plateformes sont généralement celles qui sont en souffrance ou sont insatisfaites et veulent l’exprimer. Cela a tendance à biaiser la justesse de la réalité et à altérer la perception des nouveaux arrivants.
Parler est une action et toute action a une intention. Lorsqu’il s’agit de mettre en mots l’état, et implicitement le devenir d’un malade, lors de l’annonce de l’origine de sa souffrance, cette action est la totale intention parce qu’il s’agit de parler de l’autre dans sa vulnérabilité. La mise en mots d’un diagnostic est un moment d’hyperdécision sémantique. Les mots ont du poids, ils labourent.