Nan Ryan

C’était merveilleux. Positivement merveilleux. Comme ce genre de choses peut l’être lorsque ne s’y mêle pas tout un fatras de sentiments. C’était si merveilleux que je n’ai jamais oublié cette nuit, et vous non plus. Alors arrêtons là cette discussion rapide et essayons plutôt de retrouver la magie du passé. Je parie que ce sera tout aussi merveilleux.

Un cœur incapable de pardon mourra.

Il ne pouvait se défendre de la désirer. Il se disait qu'aucun homme en possession de ses moyens n'aurait pu caresser l'intérieur des cuisses de cette jolie créature sans avoir envie de la dépouiller de sa parure de satin.

Ce sont toujours les vainqueurs qui écrivent l’histoire.

Il aurait vraisemblablement éclaté de rire si elle lui avait dit qu’un jour son masque tomberait – ce masque qui semblait lui aller comme un gant et dont il jouait avec tant d’aisance... Oui, un jour viendrait où West Quarternight ne serait plus fauve mais proie. Plus chasseur mais gibier. Et peut-être même, s’il n’y prenait pas garde, plus vainqueur mais vaincu.

Elle était belle, très belle. Et quelque chose en elle lui était vaguement familier. Comme s’il l’avait déjà rencontrée...La jeune beauté sudiste du fort de Shreveport ! C’était elle. Aucun doute. On n’oublie pas un visage et un corps pareils.

Quelle ironie ! Il avait mis un terme aux souffrances de Martay, et déclenché la sienne.

En fait, il préférait une tigresse qui crache et griffe, plutôt que la femme calme et tranquille qu'il avait tenue dans ses bras quelques secondes plus tôt. Les femmes mal élevées qui parient fort le laissaient indifférent, elles ne l'attiraient pas. Il était donc soulagé qu'elle se comporte en garce impudente.

Elle espérait le convaincre de faire l'amour dans l'ombre, tandis que des couples rieurs se promèneraient à quelques mètres d'eux. Le danger de se faire surprendre ajouterait un piquant délicieux à leurs ébats : elle était sûre que l'expérience serait inoubliable.

...beaucoup de jeunes filles se marient non par amour, mais parce qu'elles ont besoin d'un homme qui s'occupe d'elles.

Pour diriger une propriété de cette taille, il fallait assurément une bonne dose d’intelligence et d’esprit d’initiative.

Ses grands yeux verts brillaient de passion, mais il ne chercha pas à l’attirer contre lui pour l’embrasser de force. Ils étaient seuls dans l’appartement. Un autre aurait peut-être essayé de profiter de son désarroi, de sa vulnérabilité, mais pas Dane. C’était un vrai gentleman. Il la respectait.

Outre son physique séduisant, il était intelligent et fort riche. En somme, il réunissait toutes les qualités dont une femme pouvait rêver.

De sa vie, il n'avait rencontré une créature plus époustouflante. Son abondante chevelure dorée avait des reflets d'argent sous le clair de lune. Ses yeux d'émeraude, ombrés par des cils épais, étincelaient : d'une espièglerie fort séduisante. Son petit nez retroussé était adorable, et sa bouche en arc de Cupidon délicieusement tentante.

Si les messieurs - même les plus convenables avaient la liberté de flirter, pourquoi n'en serait-il pas de même pour les dames ?

A croire qu’il n’avait aucun respect pour autrui ni pour lui-même : tout ce qu’elle détestait et méprisait chez un homme !

Elle le connaissait si bien. La seule vue d’une belle femme nue suffisait à éveiller chez lui un désir irrésistible. Et c’est ce qu’elle voulait. Elle voulait faire de cette soirée une longue joute où se mêleraient violence et passion, exciter son redoutable amant à un point tel que seule une nuit d’étreintes effrénées pourrait le satisfaire.

Si elle voulait supporter, sans hurler, l’horrible soirée qui l’attendait, un alcool fort s’imposait.

Jamais elle n’avait réalisé à quel point la solitude était une chose précieuse, ni le luxe que pouvait représenter un simple bain. Se laissant bercer par les petites vagues qui léchaient doucement son corps, elle soupira de contentement en contemplant le ciel couleur lavande, et elle se prit à rêver qu’elle était seule dans ce jardin d’Eden.