Ce petit roman a une place un peu spéciale dans mon coeur, puisqu’il s’agit du roman sur lequel j’ai travaillé en stage aux éditions Laska. Je connaissais déjà l’histoire, mais je n’avais pas lu sa version finale encore, et j’ai vraiment beaucoup aimé !
Nous avons ici un roman difficilement classable, qui trempe à la fois dans le fantastique et joue avec les limites du thriller. Nous sommes dans un monde réaliste et toute l’intrigue tourne autour de Tania, une jeune femme en apparence ordinaire mais qui peut entendre les morts lui parler pendant qu’elle travaille.
Le roman se passe dans le milieu de la thanatopraxie, c’est-à-dire le milieu des embaumeurs. Tania s’occupe en gros de maquiller les morts pour les rendre présentable à leurs familles, avant qu’ils ne soient enterrés ou incinérés. C’était super intéressant, parce que j’avoue que je n’y connaissais rien du tout, et que ça fait toujours plaisir de découvrir de nouvelles choses. C’est aussi un milieu qui me fascine un peu, parce que ça fait partie des milieux tabous où on essaie de fermer les yeux, alors que c’est vraiment un métier super intéressant, et je trouve que c’est très bien retranscris dans le roman !
J’ai bien accroché au personnage principal. Tania est drôle et grinçante, mais on a de plus en plus d’empathie pour elle à mesure que l’intrigue avance et que les mésaventures se succèdent. Et la pauvre, elle en subit pas mal ! Le rythme de l’intrigue suit son développement, et plus on avance, plus il s’accélère. Sur la fin, on a un personnage totalement différent du début, véritablement marqué par tout ce qui lui est arrivé, et on sent qu’il va rester des conséquences, ce que j’ai apprécié ! C’est pas « Pouf, l’intrigue est finie, j’oublie tout ! » comme c’est parfois le cas en horreur.
Tania est accompagnée dans le récit par toute une nuée de fantômes. J’ai trouvé le concept original, puisque non seulement les fantômes ne sont pas visibles, mais ils peuvent la toucher, ce qui donne des scènes très cocasses où le personnage se donne en public, et qui renforce le malaise qui s’amplifie à mesure qu’on avance dans l’histoire. Nathan, le fantôme qui l’accompagne tout le long de l’intrigue, est vraiment marquant. D’abord inoffensif en apparence, plus on avance dans l’histoire et plus un malaise grossit autour de lui. J’ai beaucoup aimé comment, comme Tania, le lecteur ouvre progressivement les yeux sur ce qui se passe avec lui, mais aussi avec les autres.
Le roman aborde ainsi avec brio le thème des maladies mentales et des suivis psychologiques, un thème de moins en moins traité en littérature, parce que généralement casse-gueule. Ici, c’est traité très humainement, et on voit l’évolution de la santé mentale du personnage, de manière logique et assez terrifiante. La fin du texte m’a particulièrement retournée, puisque tout au long de l’intrigue, on peut se demander si ce que l’on lit est réel ou l’imagination du personnage… Jusqu’à la dernière phrase de l’histoire qui est absolument terrifiante et va vous faire vous sentir vraiment mal à l’aise, ce qui est un sentiment incroyable ! J’ai adoré le dénouement, avec un concept qui s’assume jusqu’au bout.
Le roman aborde également d’autres thèmes plus discrets dont les relations toxiques, en amour, bien sûr, mais aussi entre les membres d’une même famille, ce que l’on voit assez peu traité, en plus de parler d’un milieu qu’on ne voit pour ainsi dire jamais en littérature. C’est une grande réussite pour moi.
Le tout est accompagné d’une écriture vraiment chouette et très fluide. On sent la patte québécoise de l’autrice dans le vocabulaire, ce qui peut surprendre au premier abord si vous n’êtes pas habitués. Pour ma part, j’ai des racines dans les deux pays, donc ça ne m’a pas dérangé plus que ça. J’aimerais aussi souligner la grande qualité de la mise en page, qui est vraiment très chouette et bien travaillée, ça fait plaisir sur une nouvelle maison d’édition !
En bref, une très chouette découverte qui sort de l’ordinaire, et une première sortie très réussie pour les éditions Laska, qui je pense méritent d’être suivies dans les années à venir. Ça sent bon la qualité !
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