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Citation de Monides


Les jours s'étirent dans le froid, les nuits n'en finissent pas. L'air est givré, figé. Il est temps de partir, mais on tait l'imminence de ce départ. C'est comme ça en forêt ; on ne part jamais petit à petit, on ne se prépare pas, on fait comme si rien n'allait jamais changer jusqu'à ce que tout bascule d'un coup. C'est précisément cela, le qui-vive. Profiter de l'immobilité du corps jusqu'à ce qu'il faille bondir, toujours lorsqu'on s'y attend le moins. Il ne faut jamais parler du moment où l'on se séparera ; du moment où rien ne sera plus pareil. On vit ainsi consciemment dans l'illusion de l'éternité, parce qu'on sait pertinemment qu'en un instant tout ce que l'on a toujours connu se délitera, se recomposera, ici ou ailleurs, se métamorphosera et deviendra ce quelque chose insaisissable dont on ne pourra plus rien assumer. Cette potentialité terrifie tout le monde. Parce qu'elle est connue de tous en forêt et parce qu'on l'attend toujours au détour du chemin, on s'accorde silencieusement pour la taire. p.140
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