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Citation de Cerisemarmotte


Le rabbin s'éclaircit la voix. Les grands-pères tapèrent dans le dos du garçon. Paul se leva. La nervosité lui donnait un vilain teint crayeux et faisait briller son acné. Il se dressa devant l'assemblée, déglutissant avec difficulté.Le silence s'étira tel un élastique. Dans la galerie, les femmes se trémoussèrent sur leurs bancs. Tous attendaient. Paul ferma les yeux, se balança légèrement. Le rabbin le regarda, l'air inquiet. Soudain, le garçon se lança. Au lieu de réciter les mots, il les chanta d'une façon nette et claire de sa nouvelle voix de ténor. Son arrière-grand-mère sortit un mouchoir de sa poche. Soulagée, Juliet marmonna des paroles qui n'avaient rien d'une prière. Frieda se détendit et sourit. Seul Leonard s'attrista encore davantage. Il regarda Paul, si petit à côté de son père, sa kippa en équilibre précaire sur sa tignasse noire. La voix du garçon, douce et musicale, s'enflait dans chaque coin de la synagogue. Il sait tout, se dit Leonard. Les enfants devinent toujours. Il est là qui chante sans vouloir s'arrêter, parce qu'il sait qu'un peu plus tard, après le déjeuner et les discours, quand il aura déballé les presses à pantalons, ouvert les enveloppes contenant des chèques et dûment embrassé les tantes, sa mère le prendrait à part pour lui dire qu'elle quittait son mari. Après ça, la vie ne serait plus jamais la même. Et bientôt, un jour, une semaine ou un mois plus tard, Edith, son arrière-grand-mère adorée, s'aliterait de nouveau pour ne plus se relever. Alors, ce serait la fin de son enfance. Leonard pensa au walkman Sony et aux cassettes emballés dans du papier Ferrari qui attendaient dans le coffre de sa voiture, et une tristesse aussi pénible qu'une fièvre envahit sa poitrine.
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