AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Né(e) : 1970
Biographie :

Nelly Carnet est une poétesse et critique littéraire, qui rend plus particulièrement compte de textes poétiques, depuis 1996 dans diverses revues.

Elle est aussi peintre professionnelle, et l’abstraction lyrique a sa préférence pour le geste, les envolées, l’expression de l’inconscient qui vient se projeter sur la toile.

Pour l’association « Art en Avenir », et par passion, elle organise des expositions collectives thématiques de chaque côté de la baie du Mont Saint Michel à Granville dans la Haute Ville chaque printemps et à Beauvoir à la salle Cuny les 15 premiers jours du mois d’août depuis 2017. S’y réunissent quelques peintres et sculpteurs professionnels figuratifs et abstraits de la Manche, des départements limitrophes ou d’ailleurs en y associant le texte poétique pour donner du sens et promouvoir les créations de nos contemporains.

Source : Recours au Poème & Art Majeur.
+ Voir plus
Source : https://www.recoursaupoeme.fr/author/nelly-carnet/
Ajouter des informations
Bibliographie de Nelly Carnet   (1)Voir plus

étiquettes

Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Nelly Carnet
     
Les tympans du silence sont aussi fragiles qu’un voile de papier de soie.
     
Le silence est imperceptible. Sa couleur se mêle à celui de la mer ou du ciel épousé. Sa blancheur opalescente qui naît à l’oreille bleuit à mesure que l’âme reposée s’y baigne et s’en imbibe.
     
     
Extraits in « Pour un autre monde, En offrande aux photographies de Michelangelo Bulgarelli », Revue Temporel no 23, Avril 2017.
Commenter  J’apprécie          180
Nelly Carnet
La Baie – Revue Temporel, avril 2016.
     
La baie : une voix qui parle pour elle seule et qui s’adresse…
     
1.
La baie : un lieu où l’on peut disparaître, où l’on peut s’évaporer. Un lieu de vie très légère. Le lieu du rêve et de l’intimité. Le lieu qui sait accueillir les livres, où les phrases cherchent l’indistinct de la vie ou de l’amour. On y est moins corps que mouvance, passage, silhouette sur fond gris et bleu, confondu avec le flou que dessine la vastitude de la baie. On s’en va vers nulle part puisque nulle part est ce qui remue dans le corps de qui porte dans la tête le songe de l’amour. C’est une écume de neige sur un bourgeon. Elle cristallise ou elle fait fondre.
     
La baie : les limbes d’une existence qui ne cherche à se raccrocher à rien d’autre qu’à sa douce disparition, vers un lointain insondable. C’est le lieu des lisières. Ce n’est pas un lieu cerné par des traits bien précis ainsi que peut l’être un paysage montagneux. On ne sait où il commence ni où il prend fin. Sa vaste platitude inscrit en soi l’infini. Sans cesse, on s’y renouvelle, comme au premier jour de la création du monde.
     
Celui qui marche dans la baie marche dans l’indécis. Il se délivre. Il est une figure prête à disparaître dans le trouble. Son pas seul le retient sur terre. Il y devient si léger que la lisière entre le visible et l’invisible s’en trouve atténuée, comme sur un lavis où la main serait venue effacer la lourdeur d’un trait trop accentué.
     
La baie est une singulière musique s’en allant avec ses notes sourdes et ses modulations qui se prolongent vers la finitude. Elle rejoint Ravel et se baigne dans son Concerto pour piano en Sol Majeur. C’est comme si l’infini y parlait d’amour et de mort très doux. Si un mot, aussi artificiel soit-il face à tout ce qui existe à peine, pouvait l’englober toute, il serait le mot âme. Le mot le plus fugitif, le plus fugace, celui qui tient à peine dans une main, s’échappe d’une bouche, s’évapore dans les airs, rejoint sa demeure céleste.
     
La baie est un ciel et une mer toute à fois. Ni l’un ni l’autre ne peuvent se distinguer au loin. Leurs traits flous se mélangent et l’on ne regarde plus qu’une tonalité affective où s’entend le silence d’amour. Sa voix glisse sur la partition de la mer à la rencontre de la rivière. Ses nuances sont infinies. Le dégradé à peine perceptible. Elle tend vers l’effacement, vers la douceur d’un corps qui ne veut plus exister que dans la douceur de l’amour, ce sublime qu’un geste très doux peut évoquer.
La baie est l’espace le plus pur qu’on ait jamais pu trouver sur terre. (A moins que ce ne soit celui qui domine la mer du haut de son ermitage dans quelque pays aux résonances hispaniques.) Celui qui nous ressemble, qui nous porte, qui nous maintient au monde dans l’évocation même de la lente disparition et de l’abstraction d’un corps marchant dans l’indistinct. On n’y est qu’apparition qui, au moindre geste indélicat, s’évanouit dans les airs. Elle glisse de sa très vague présence à son absence. Le ciel la recueille sur ses nuages qui lui sont une autre demeure toute à sa ressemblance.
On ne peut tenir très longtemps dans le réel cerné de béton, de rugosité et de brutalité qui violente l’âme dans son corps si fragile. La carapace n’est qu’une faible apparence de réel. Qui oserait dire que la lourdeur d’un corps est plus tangible que l’âme qui remue à l’intérieur, et cherche, sur une toile, une couleur à sa ressemblance, et sur une page, une phrase qui l’épouse ?
     
La baie est un entre-deux, ni purement réel, ni purement imaginaire. Elle mélange ses traits, ses couleurs, et se tient dans la pure évocation. On marche sur cette vaste étendue comme on marcherait sur la neige, non pas attristé dans cet invisible, mais vivant dans le songe de sa vérité et de son écriture. On n’y est que présence elliptique, fluide et discrète. On ne fait pas de bruit quand on s’avance à pas très lent vers l’amour ou vers l’âme.
     
La baie est un lieu poétique, celui qui ouvre à l’imaginaire, qui suggère plus qu’il ne dit une chose une fois pour toute, qui évoque plus qu’il ne cerne, qui trace des traits infinis plus qu’il ne cadastre, qui allège plus qu’il ne réalise, qui confond plus qu’il ne distingue. Son silence est la musique de la rondeur, des lisières et de l’invisible. On y regarde tomber la neige. On y regarde luire le soleil. On y regarde miroiter la lumière. On y regarde descendre le crépuscule et s’élever l’aurore… On y regarde une figure qui s’absente pour rejoindre l’écriture et la vérité d’âme.
     
2.
La baie recueille l’amour des êtres en perdition, ceux qui ont oublié de s’aimer. L’un d’eux aurait-il refoulé tout ce qu’il éprouvait ? Pour une autre vie, celle que l’on refuserait, à cause d’un mensonge… L’exprimait-il ouvertement à celui qui trouvait repli auprès des livres, de l’étude, de la passion d’amour ancestrale ? Se ressembleraient-ils trop pour se regarder sans se perdre ? Toujours l’amour doit être tenu secret pour conserver sa chance de vie. Il lui faut demeurer entre deux pages ou deux livres, un cocon au milieu de la mer, un lieu retiré et une baie immense où le silence se laisse entendre. C’est un pétale offert au vent léger que ce lieu sacré. On offre une rose blanche à la baie après s’être mêlé au monde. Elle protège ceux qui remettent leur destin entre ses mains. Elle comprend et pense entre ses deux eaux, tour à tour mortes et vives. Sa vie se confond avec celle d’une femme. Elle reconnaît l’ébauche d’un bonheur. Elle n’est pas aussi attristée que la frêle présence qui parcourt sa vastitude.
     
Dans la brume, les arbres se suspendent au ciel. Ce sont des ombres fugitives, des âmes gelées qui semblent appartenir à un autre monde, comme dans un rêve dont on ne voudrait plus se réveiller, avec des yeux où perle la douceur de la nuit, une main caressant un fruit, une fine pluie qui gèle sur les carreaux brouillés de la chambre. Quelqu’un a tiré un rideau sur le monde. Nous avons rejoint un espace sans nom, sans adresse, là où nul ne peut nous retrouver et détruire ce qui nous est le plus cher. L’amour sauve les âmes quand la haine détruit. Il est plus fort que le déni ou la double négation. Il fait exister ces âmes mais il faut aussi avoir conservé quelques vieilles blessures dans le regard pour le faire briller plus clair et plus phosphorescent. Car il miroite dans le miroir horizontal dont les confins sont effacés et que la baie tend au ciel pour qu’il s’y reconnaisse. Un voile de pages le défend de coups de scalpel survenus d’un monde inconnu. Elle ne peut endurer aucune violence, ni de gestes, ni de paroles. Elle vit dans la modération de la musique, des phrases et de leur simplicité, leur sagesse surannée. Un seul mot plus haut que l’autre et elle disparaît en un coup d’éclair. C’est sa nature, son caractère, dit-on. Car c’est d’amour pur qu’elle veut entendre avec sa passion qui tend les cordes plus fermement. La clef de l’humanité est dans l’amour. On se prend à croire qu’il suffirait de la faire remonter des Enfers pour que le monde entier reprenne vie. La baie est naïve : elle croit encore à cette affection. Elle est solitaire, mais le chant du coucou, la lumière si vive du soleil matinal, les nuits et les pensées profondes, lui offrent tout l’espoir pour une longue journée ouverte aux sensations, aux sentiments, aux réflexions et aux sublimes émotions de l’amour inscrites dans le creux de chaque page lunaire. Qu’on ne la dérange en aucun cas pour autre chose que de la vie, car elle ferme ses portes à l’irrespect, au mensonge, à la malhonnêteté, l’arrogance et l’indifférence. Il faut adorer le silence, avoir appris à écouter pour venir jusqu’à elle. La somme des pages entassées les unes sur les autres, puis éparpillées au vent du large, n’ajoute-t-elle pas beaucoup de silence à la voix venue d’ailleurs ? Exilées, elles viennent se rassembler ici, dans un coin du monde où un phare oriente les naufragés de la mer. Entendez-vous, comme elle, le grand silence que le bourdon, les fleurs, l’herbe et les arbres font bruire contre l’épure du ciel ? ...
     
La poésie est le silence d’un nom. Les chemins qui y conduisent sont aussi proches que l’intimité de tout langage. – Fernando Guimarães
          

     
https://temporel.fr/Nelly-Carnet-prose-1187
Commenter  J’apprécie          80

Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten


Quiz Voir plus

Le petit chaperon rouge

Qu'est-ce qu' amène la petite fillette à sa grand -mère ?

une galette et un petit pot de beurre
du pain
un pot de confiture

10 questions
8 lecteurs ont répondu
Thème : 1000 ans de contes, livre 1 de MilanCréer un quiz sur cet auteur
¤¤

{* *}