Sur les mélancoliques faits d'armes qui ont endeuillé le Moyen Age japonais, c'est encore une fois Basho qui a eu le dernier mot. Passant, sa besace de pèlerin sur l'épaule, par le lieu d'un carnage célèbre, il a écrit :
Natsugusa ya !
Tsuwamono-domo ga
Yume no ato...
L'herbe flétrie d'été
C'est bien tout ce qui reste
Du rêve des guerriers...
On a beau répéter que ces samouraïs étaient aussi des esthètes, des connaisseurs en poterie, des calligraphes accomplis, ou, comme le jeune Atsumori - un Lancelot japonais massacré dans la fleur de l'âge -, qu'ils jouaient de la flûte à vous en retourner le cœur, cela ne change rien à l'affaire. Ces passe-temps relevés qui leur font grand honneur ne doivent pas faire oublier que presque toute l'énergie mentale de l'élite étaient consacrée à l'art d'occire et de mourir dans les formes au service d'un patron.