" Tu aurais bétonné ton âme avec la mienne sur un de ces trottoirs où tu aimais errer les soirs de pleine lune."
"LES RATS
Sens aigu de la droiture
Sans aigu ni mesure
Là et plus là
On les appelle les rats
Dissimulés, sans simuler
Mutants désabusés,
Ils rongent notre rage
saccagent nos étages,
Ils sont nos ratages.
Papiers déchiquetés,
Esprits déchirés,
Sont le butin de ces bestioles
Sacrées empereurs sans étole.
Leur queue, que fait-elle ?
A part enflammer le fiel ?
Elle danse avec mes sens
et blesse notre essence
On passe notre existence
à dératiser nos chances.
Pourtant les rats sont las
De nos états
D'âme. Alors s'enfuiront-ils ?
Nous laisseront-ils ?
Quelle heure est-il aujourd'hui ?
L'heure de panser
Donc je suis
là, sans rats, sans traces de peur
et sans remords de morsure,
Sans leurre…"
"Essayer n'est pas une promesse mais une délicatesse qui fait diversion à la désillusion".
" Ces autres ne sont-ils alors que des étoiles validées au hasard de mes nuits d'insomnie ?"
Tel un funambule, je scrute le fil conducteur de mon ennui sur lequel je déambulais. J'errais sur le macadam de mes pensées nocives, pieds nus. Une punaise ? Un morceau de verre ? Un clou peut-être ? De l'égratignure au cri, il n'y avait qu'un pas. Je marchais encore et toujours pour trouver ma vraie douleur et lui tordre le cul avec éloquence.
Rudy m'avait dit un soir de pluie: - Le passé change tout le temps. Interloqué, je n'ai pas répondu. Il a pénétré mon regard et a ajouté avec bonhomie : - Il est toujours remis à jour !
" La fumée des pots d'échappement se pavane et danse autour des feux arrière rouges des bagnoles avant de monter au ciel pour succomber à l'air pur."
Aujourd'hui ils ne sont plus graves, circonspects, prudents. Ils n'essaient même pas d'être eux-mêmes. Ils le sont. Cette authenticité est touchante pour l'un et l'autre. Léon grâce à sa petite fille se sent ouvert de nouveau à la vie. Il est descendu de sa forteresse naturellement. Il a oublié sa vieillesse, il est là, ici et maintenant, conversant avec la jeunesse. Il s'aperçoit que sa maturité n'est finalement pas à son comble. Même s'il peut faire figure de phare pour Mélanie, il sait qu'il a beaucoup à apprendre d'elle. En ce sens il recouvre un but, il se reconsidère. Enfin il se libère de la dictature de l'habitude. L'habitude, ce monstre qui est le nerf du vieillissement et influe sur la peur de la mort.
"(Albert) Je n'ai jamais autant pensé à la mort depuis que j'ai décidé de vivre. Écrire est devenu une obsession car je veux laisser une trace. À qui ? À quoi ? Je ne sais pas (...) Peut-être pour résister au vide, pour remplir les creux, les fissures de mes blessures, pour que tout ne s'écroule pas. J'essaierai alors, en filigrane, de m'habituer à ce que les gens s'en aillent, à ce que rien ne soit immortel à part mes mots et sans doute rempliront-ils certains vides de quelques vivants. C'est si prétentieux de défier ainsi la mort mais je veux avoir cette arrogance."
Si on est ouvert au monde, tout est toujours remis en question et cette remise en question fait exister le "je" . Mais comme on ne peut pas toujours être dans le doute, notre prise de position est souvent liée à notre survie. C'est l'amour-propre. Le garde-fou qui nous empêche de flancher, qui nous protège. Ce socle qui nous empêche de nous briser. À ne pas confondre avec l'orgueil.