" Je me range sur le bas-côté et allume les warnings. Feux de détresse. Feux de faiblesse. Juste un grand incendie qui me réduit en cendre. Je descends. J'hurle face aux champs. Je la hais. Je la hais. Recul. Prise de conscience".
" Tu aurais bétonné ton âme avec la mienne sur un de ces trottoirs où tu aimais errer les soirs de pleine lune."
"LES RATS
Sens aigu de la droiture
Sans aigu ni mesure
Là et plus là
On les appelle les rats
Dissimulés, sans simuler
Mutants désabusés,
Ils rongent notre rage
saccagent nos étages,
Ils sont nos ratages.
Papiers déchiquetés,
Esprits déchirés,
Sont le butin de ces bestioles
Sacrées empereurs sans étole.
Leur queue, que fait-elle ?
A part enflammer le fiel ?
Elle danse avec mes sens
et blesse notre essence
On passe notre existence
à dératiser nos chances.
Pourtant les rats sont las
De nos états
D'âme. Alors s'enfuiront-ils ?
Nous laisseront-ils ?
Quelle heure est-il aujourd'hui ?
L'heure de panser
Donc je suis
là, sans rats, sans traces de peur
et sans remords de morsure,
Sans leurre…"
"Essayer n'est pas une promesse mais une délicatesse qui fait diversion à la désillusion".
Essence sans plomb. Décence sans pont : un homme convenable, costume cravate, s'enroule un morceau d'essuie-tout autour de la main droite avant de rejoindre la pompe. Est-ce ce genre d'homme que Katel aurait aimé ? Propre. Cadre sans doute. Commercial peut-être. Toujours à l'affût du chiffre ? Je regarde mes mains. Striées. Elles n'ont pourtant pas réussi à peindre une toile à moult dollars... Ne suis-je qu'un raté pour elle ? Elle danse dans ma tête. Je ne suis que décadence pour la sienne. J'aurais pu l'appeler, lui demander de revenir. Ramper comme un serpent mais je lui aurais jeté ce venin irrémédiable.
Je fais le plein. Sans papier, ni chiffon. Je veux sentir l'essence sur mes doigts, être entaché d'hérésie. Être face au sacrilège : la saleté qui pue.
" Ces autres ne sont-ils alors que des étoiles validées au hasard de mes nuits d'insomnie ?"
Tel un funambule, je scrute le fil conducteur de mon ennui sur lequel je déambulais. J'errais sur le macadam de mes pensées nocives, pieds nus. Une punaise ? Un morceau de verre ? Un clou peut-être ? De l'égratignure au cri, il n'y avait qu'un pas. Je marchais encore et toujours pour trouver ma vraie douleur et lui tordre le cul avec éloquence.
Rudy m'avait dit un soir de pluie: - Le passé change tout le temps. Interloqué, je n'ai pas répondu. Il a pénétré mon regard et a ajouté avec bonhomie : - Il est toujours remis à jour !
" La fumée des pots d'échappement se pavane et danse autour des feux arrière rouges des bagnoles avant de monter au ciel pour succomber à l'air pur."
- Tu m'aimes ?
- Si je le disais, tu le saurais et je ne veux pas que tu le saches.
- Pourquoi ?
- Pour que tu doutes de moi chaque jour.
- C'est angoissant.
- C'est sûrement dans l'angoisse que tout est fort.
- J'ai peur.
- Heureusement !
- Mais... ?
- Chut... Ne dis rien. Ecoute-moi.
- J'entends ce que tu ne dis pas.
- Je t'aime.
- Je n'entends pas ce que tu dis.