Essence sans plomb. Décence sans pont : un homme convenable, costume cravate, s'enroule un morceau d'essuie-tout autour de la main droite avant de rejoindre la pompe. Est-ce ce genre d'homme que Katel aurait aimé ? Propre. Cadre sans doute. Commercial peut-être. Toujours à l'affût du chiffre ? Je regarde mes mains. Striées. Elles n'ont pourtant pas réussi à peindre une toile à moult dollars... Ne suis-je qu'un raté pour elle ? Elle danse dans ma tête. Je ne suis que décadence pour la sienne. J'aurais pu l'appeler, lui demander de revenir. Ramper comme un serpent mais je lui aurais jeté ce venin irrémédiable.
Je fais le plein. Sans papier, ni chiffon. Je veux sentir l'essence sur mes doigts, être entaché d'hérésie. Être face au sacrilège : la saleté qui pue.
Rudy m'avait dit un soir de pluie: - Le passé change tout le temps. Interloqué, je n'ai pas répondu. Il a pénétré mon regard et a ajouté avec bonhomie : - Il est toujours remis à jour !