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2.5/5 (sur 3 notes)

Nationalité : France
Né(e) le : 10/10/1941
Biographie :

Pseudo de : Noël Cretin

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Bibliographie de Noël A La Phrasie   (4)Voir plus

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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Au collège, à tour de rôle, en classe terminale, nous bénéficiions durant un mois d’une chambre sous les toits. Au sein d’une charpente pluricentenaire, un anonyme factotum avec cloisonné quelques années avant mon échouement en ces altitude, cinq petites chambres. J’avais intégré l’une d’elle à l’issue des vacances de Noël.
Le britannique père Wilson, bricoleur de son état et célèbre pour ses inventions aussi multiples qu’étranges, avait confectionné des poêle à bois dans de petits fûts cylindriques. Le miens occupait un côté de ma chambrette comme un petit animal oblong figé par quatre pattes squelettiques sur une plaque de tôle. Son long museau en tuyau coudé disparaissait dans le mur voisin. Une minuscule étagère ornait la cloison opposée, au-dessus du lit. Face a la porte un lucarnon diffusait, l’hiver, une lumière grise et chiche sur la table-bureau.
Malgré tout, lorsque le poêle ronronnait, tout ce décor fruste enlevait à la cellule son côté monacal. Elle représentait pour un temps cet espace de liberté dont rêve tout interne : pas de pion, pas de lunettes inquisitrices penchées sur vos épaules, la direction s’interdisait d’intervenir n’exigeant du locataire qu’un minimum de ménage.
…. …

Lorsqu’un événement imprévu dont les conséquences eussent pu m’être fatales, survint un jeudi soir de la mi-janvier. Ce qui malgré tout me permit de bénéficier, une quinzaine de jours après les vacances de Noël, d’un week-end de ski.
Hélas trop court.
Le jeudi 14 janvier donc vers 19 heures, après une journée consacrée au sport ou les matchs de hand, de basket et de foot se succédèrent, je réintégrai ma chambre vers 17 heures. Là m’attendait la rédaction d’une dissertation de philo dont je devais remettre la copie le soir même.
Enveloppé de la chaleur que dispensait, dans son coin, le petit poêle que j’avais pris soin d’alimenter dès mon arrivée, je tentais de donner un sens à la mort est à la souffrance, selon Jaspers.
Plongée depuis quelques jours dans une sévère réflexion qui ne s’accommodait pas de l’enthousiasme que j’éprouvais à vivre, j’émettais l’idée que la souffrance ne pouvait être rédemptrice, persuadé qu’on avait choisi notre venue sur terre pour se réaliser par l’Amour. Avec un grand A.
Quant à la mort je n’en pensais pas grand-chose, sinon qu’il nous fallait laisser de la place, sur notre planète déjà trop exiguë, à nos descendants.
Indécent pragmatisme.
Et je souriais en imaginant la tête de mon prof, religieux bon teint, à la lecture de mon devoir, lorsque des craquement insolites en provenance de la partie mansardée du plafond me firent lever les yeux. Les loirs coutumiers de farandoles nocturnes avaient-ils pris de l’avance sur leurs horaire habituel ?
Dans la chambre de mon coturne d’en face, Dominique, aucun bruit suspect. Nous repassâmes tous deux dans la mienne afin d’analyser la chose. Un morceau de plâtre tombé entre-temps sur ma table de travail donnait à voir, à travers le treillis de bois mis à nu, des flammes dont le crépitement ne laissait aucun doute sur leur ampleur.
Aussitôt, Dominique enjamba le chien-assis, passa sur le toit, souleva quelques tuiles et un pied en appui sur le chéneau tenta d’éteindre le début d’incendie avec les bouteilles d’eau que je lui tendais.
Deux tuyaux du fourneau, raccordés s’étaient disjoints et avaient laissé passer des étincelles boutant le feu à de vieux journaux entreposés dans le grenier aveugle qu’ils traversaient. Depuis quand ? On était la cause ? Avais-je remué inopinément mon petit fourneau et, partant, provoqué leur disjonction en allumant du feu ?
Au bout de quelques minutes l’inutilité de nos efforts et le danger couru par Dominique, me précipitèrent chez le recteur et le préfet des études afin qu’ils alertent les pompiers.
Il gelait à pierre fendre et ce ne fut pas une mince affaire pour les sapeurs, de trouver des bouches à incendie en état de fonctionner puis d’atteindre le sommet du bâtiment avec des échelles inadaptées à la hauteur des lieux.
Mis à contribution, nous tirions, avec les pompiers, les tuyaux de toile par la cage d’escalier pour atteindre le sinistre.
Le lendemain au commissariat de police, le principal témoin de l’incendie que j’étais, pour ne pas dire suspect, narrait à un inspecteur un tantinet soupçonneux les péripéties de la soirée. Certes les « bons pères » m’avaient exonéré de toute velléité incendiaire, cependant je restais pour le flic se grattant l’occiput avant de taper le clavier de sa Japy d’un index hésitant, le petit gars qu’avait mis le feu au collège…
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La langue de Goethe, lors de la seconde partie du bachot de philosophie — un bien grand mot pour des gens de si peu d’expérience — faillit m’expédier dans la nébuleuse de l’oral de rattrapage.
Notre prof d’allemand, dont nous écopions quasi quotidiennement le trop plein de devoirs et de leçons au point de ne rien laisser subsister, sévissait de la cinquième à la terminale. Il dispensait un enseignement manifestement forgé dans les plaines d’Alsace pour un public à l’oreille déjà rompue à la sonorité, au vocabulaire et au rythme teuton. Aussi ensevelissait-il ses élèves sous des avalanches d’expressions à retenir d’un jour à l’autre, comme si seule « sa » matière fleurissait au programme.
Hon, sieur Untel, z’avez oublié Frühling et Sahne, zéro ! N’avez pas appris votre leçon, assénait le gros Kirsch d’une voix de baryton alsacien à l’interrogé qui, en bon potache, travaillait pour La note.
Et prendre un zéro, pour un mot omis sur cent appris inclinait dorénavant ledit potache à ne plus se fatiguer ni les méninges ni la vue sur la liste interminable de termes gothiques à retenir.
Après sept ans d’apprentissage de la langue, nous ânonnions, pour la plupart, quelques vocables sauvés du naufrage kirchteterrien prônant le « Bodevin et Isler » comme bible. En revanche nous déchiffrions les textes écrits sans trop de contre-sens ou de barbarisme.
Dictionnaire à l’appui.
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