Ces portes d'accès sur le monde vu par les yeux d'une artiste sensible étaient une invite à s'extraire de cet enfer de faux-semblants. Vincent s'y précipita sans retenue. Il passait d'une cabane dont l'ombre mystérieuse était griffée soudain par une lumière éclatante, pénétrant par les interstices d'une cloison de planches, à un vaste champ de blé inondé de la lueur dorée d'un soir d'été. Il volait en rasant l'eau d'un étang, dont la surface agitée par le vent était suggérée par un savant jeu de rapports de nuances, jusqu'au-dessus d'un bassin mis en éternelle mouvance par les cercles concentriques produits par un jet d'eau irisé. Le génie résidait à savoir saisir un instant sans le figer; on sentait le temps qui passait par les nuances de l'éclairage, le mouvement par la vibration, la chaleur ou la fraîcheur par les contrastes, la sérénité par la description subtile mélangeant réalisme et vision. Les cadrages étaient inédits, la touche libre et précise, les couleurs justes et riches.
Tout dit dans l'infini quelque chose à quelqu'un,
Une pensée immense emplit le tumulte superbe...
Vents, ondes, flammes, arbres, roseaux, rochers,
Tout vit, tout est plein d'âmes.