Au fil du temps, la structure productive de la France s’est transformée, l’industrie lourde traditionnelle héritée des Trente Glorieuses laissant progressivement la place aux industries de plus haute technologie et aux services. Les mutations se sont accélérées avec les deux chocs pétroliers et se sont accompagnées de vagues de privatisations majeures qui ont favorisé l’insertion des grandes entreprises dans le capitalisme mondial. Ces ajustements ont été douloureux, avec la disparition de pans entiers de l’industrie, des délocalisations d’établissements et l’amputation de bassins d’emplois. Mais la France a aussi tiré bénéfice de la mondialisation. L’attractivité de son territoire, au centre de l’Europe, repose sur des infrastructures de qualité ainsi que sur un haut niveau de productivité et de qualification de sa main-d’œuvre, ce qui lui permet de rester une destination prisée des investisseurs internationaux.
Les contraintes en matière de déficit public liées à la gouvernance budgétaire européenne ainsi que la concurrence fiscale au sein du marché unique ont incité les gouvernements, à partir du milieu des années 1990, à réduire les déficits publics, notamment par la baisse du poids des dépenses publiques dans le PIB. Ce mouvement a connu une pause à la suite de la crise des subprimes. Le jeu des stabilisateurs automatiques et les politiques de relance mises en œuvre ont conduit à une forte augmentation du poids de celles-ci. Cette augmentation n’a pas encore été effacée en dépit de la politique d’austérité budgétaire menée à partir de 2010, réalisée essentiellement à travers la hausse de la fiscalité. Le choc économique liée à la crise de la Covid-19 va laisser des traces profondes sur les finances publiques. Pour la seule année 2020, d’après le troisième Projet de loi de finances rectificative de l’année (PLFR 3 2020), la dette publique augmenterait de près de 20 points de PIB…
Début 2020, au moment où débute la crise de la Covid-19, l’économie française compte 2,3 millions de chômeurs au sens du Bureau international du travail (BIT). Le taux de chômage au sens du BIT a atteint un point bas à 7,8 % de la population active en France (hors Mayotte) au premier trimestre, malgré l’effondrement de la croissance. La précédente crise amorcée en 2008, alors que le chômage s’était approché du taux des 7 % de la population active, avait repoussé de plus d’une décennie l’espoir d’un retour rapide au plein-emploi. En s’ancrant dans la durée, elle a soulevé de nombreuses questions, qui conservent toute leur actualité au moment où l’économie française fait face à une crise d’une ampleur inédite.
En France, les dépenses des administrations publiques (APU) s’élevaient à 55,6 % du PIB en 2019, soit le niveau le plus élevé de l’OCDE avec les pays scandinaves (Danemark, Finlande et Suède). La France se distingue des autres pays non pas par l’importance des dépenses de l’État ou des collectivités locales, mais par celle de son système de protection sociale. Cette spécificité explique aussi la structure de ses prélèvements obligatoires où les cotisations sociales sont élevées, en dépit des réformes successives menées depuis le début des années 1990.