Quand elle me raconte ce jour, c’est comme dans un conte de fées. Il est devant elle, un sourire éblouissant, tout de blanc vêtu, il l’invite à danser la valse. Elle ne sait pas danser, elle n’a jamais appris mais ne veut pas se sauver. Elle accepte,(...) elle a l’impression que ses pieds ne touchent pas le sol, elle oublie tous ses malheurs le temps de la danse, sa tête tourne, elle s’accroche à son bras et pour la première fois depuis longtemps elle est heureuse et souriante.
Je suis le deuxième de la fratrie. Je suis de santé fragile. Très jeune, j’ai fait des séjours à l’hôpital. À l’époque, il était difficile de soigner cette maladie, l’asthme. Pendant les crises, je suffoquais et j’avais l’impression de mourir. Maman et Papa ont appris des gestes pour me soulager mais la peur de mourir est toujours présente. Malgré ma maladie, mon père m’amène avec lui, à la chasse, il m'apprend à fabriquer des pièges, je gambade dans les montagnes, j’aime l’air pur, je peux respirer au domaine familial. J’aime l’école et surtout apprendre.
Elle « brode » quand elle parle de celui qui s’est présenté un jour, par surprise, quand elle avait dix ans, dans sa montagne, comme son père.
Avant cette mémorable journée, elle disait Papa et Maman à ces deux personnes qui d’après ce père n’étaient que des parents nourriciers.