Les Danois prétendent que l’amour n’est pas un sentiment qui « s’arrange ». Pourtant, l’amour de Rabia était tout ce qu’il y avait d’arrangé. Elle n’avait pas quatorze ans lorsque sa mère, non sans arrière-pensée, lui avait demandé si elle connaissait Saïd. Question captieuse et stupide, tout le monde connaissait Saïd. Il était grand, dégingandé, intelligent, le plus rapide jusqu’en haut de la cascade et, bien qu’âgé de seize ans seulement, il émanait de lui quelque chose de mature, presque viril.