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Citation de Charybde2


J’arrive à la station balnéaire.
C’est l’automne.
Le vent arrive de la mer.
Personne dans les allées.
Les piscines sont vides.
Les terrains crevés d’herbes folles.
Les blocs de bungalow sur le chemin sont vacants, désertés du spectre de leurs anciens occupants, revenus dans leur béton d’origine.
Les structures de loisirs sont vaines.
La station balnéaire est plus morte à l’automne que Beyrouth Ouest un jour de combats.

Je ne sors pas du réduit. Il sent la corruption marine et l’insecticide. Rien ne bouge à travers la baie vitrée. Rien que des lambeaux de nuages blancs et des feuilles de palmiers. Je ne veux pas aller dehors. Je ne veux pas consentir à la station balnéaire plus morte à l’automne que Beyrouth Ouest un dimanche de combats.
Je m’enlise dans la chauffeuse tandis que ma mère et ma sœur ne cessent de bouger.
Ma mère partie en chasse me trouve une place dans une école de la région. Il ne faut pas perdre une année scolaire de plus.
Je suis d’une immobilité invincible. Mes yeux sont rivés sur la bonde de la salle de bains. À travers le ballet incessant de leurs jambes. Près de la bonde, dans le giron du trou, je reste au contact de voies souterraines qui me relient à notre ancien appartement. À celui que je suis chargé d’éliminer si je veux un jour aller dehors, me jeter dans les équipements dépeuplés de la station balnéaire.
Une école catholique, sur une colline de conifères, afin de ne pas manquer une année scolaire de plus.
Se représenter la perte d’une année scolaire de plus demande un sens de la durée et une capacité de projection dans l’avenir dont je suis complètement dépourvu.
Je n’ai pas l’intelligence du temps.
La guerre m’a libéré des horloges.
C’est à une liquidation qu’appelle la station balnéaire et il est trop tôt pour passer à l’acte.
La liquidation de soi.
Dans l’attente que l’acte ne vienne jamais je regarde la bonde, je parle à la bonde.
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