Olivier Gay

Quand on traverse une soirée comme celle que je viens de vivre, la vie est transformée, pas vrai ? Je veux dire, vous découvrez que la magie existe, que vous êtes invulnérable ou presque, que vous avez un garçon coincé dans une coin de votre crâne et un autre qui vous a prise dans ses bras (bon, pas vraiment, qui vous a plutôt soulevée comme un sac de pommes de terre, mais ça compte quand même un peu)... vous devriez vous sentir comme une héroïne de manga, non ?
Sauf que je fus réveillée le lendemain matin, comme tous les jours, par la musique de mon portable. Je tâtonnai en grognant, les yeux mi-clos, et le fis tomber de ma table de nuit. Comme tous les jours. Puis je roulai sur le dos et je contemplai les moulures au plafond de notre appartement haussmannien. Comme tous les jours. Il y avait du bruit dans la cuisine où ma mère s'activait avant de partir travailler. Comme tous les jours. Le concerto pour violon en ré majeur me brisait les ovaires. Comme tous les jours.