A l'exaltation qui pourrait naître de cet instant serré entre deux mondes, je dis "Au trou!" Dans la gare terminus, je me concentre sur les seules questions matérielles. Derrière moi, des montagnes en forme des cônes glacés dont mes filles sont friandes dessinent une ligne aussi dansante que la carapace d'un dragon; devant, l'inconnu. La gare vietnamienne de Lang Son est quasi déserte. A l'approche de la frontière chinoise, le train s'est peu à peu vidé. Je guette un moyen de transport avec le souci mesquin de ne pas me faire arnaquer. Une moto se présente; faute de cheval ou de palanquin, prenons.