Le sol est gelé, le vent joue du couteau, une brume froide efface les hauts sommets du Tian Shan. Des drapeaux rouges claquent sur la neige autour du cercueil qu’entourent quelques soldats, que suit un cortège silencieux d’anoraks et de bonnets de fourrure. Une aigre sonnerie résonne : le trompette a les lèvres gercées, le son s’élève puis s’étrangle et retombe. Ça ne fait rien, Anarbek s’en foutait bien, de la trompette, lui ce qu’il aimait c’était son accordéon Tchaïka dont il jouait dans les fêtes paysannes. Un sous-officier en grande houppelande remet aux parents l’ordre de l’Étoile rouge et la médaille «au boievnye zaslougi», pour les mérites au combat.