Prendre le chemin du retour procure un sentiment bizarre, où se mêlent plaisir et tristesse. Toute cette distance qu'on avait mise entre soi et ses habitudes, soi et sa vie banale, on va l'abolir. C'était donc pour rien, de la frime? Tous ces milliers de kilomètres, ces forêts infinies, ces gares perdues, ces fuseaux horaires, ces visages inconnus qu'on ne reverra pas, ces noms nouveaux qu'on n'entendra plus : lac Baïkal, fleuve Amour, détroit de Tartarie, île de Sakhaline... Ils résonnaient en nous, ils amplifiaient et embellissaient le bruit du monde.