Journaliste, j'ai couvert cette guerre de 1965 à 1973. Au départ, avec des réserves mollettes, j'adhérai à la cause nordiste. Je n'ai jamais été communiste. Compagnon de route tiédasse, j'étais la victime consentante, sous-informée, désinformée d'une quasi schizophrénie bien cernée par Edgar Morin...J'avais mené mes lecteurs en bateau...je m'étais laissé porter par le tiers-mondisme ambiant. J'avais soutenu, dans mes articles, ce qui semblait être un mouvement de libération nationale (alors qu'il était) avant tout le fer de lance de la communisation. Je ne parlais plus du Vietnam au Nouvel Observateur, certains collègues me prenaient pour un traître...ou un agent de la CIA. La direction estimait qu'il n'était pas opportun de faire part de mes doutes et de mes découvertes...nos lecteurs, paraît-il, n'étaient pas prêts.