Je viens de terminer « Dracula » le roman de Bram Stoker et j’en profite pour lire la bande dessinée qui m’a été offerte par Radio France. C’est un très beau livre qui s’intitule également « Dracula » mais qui est très différent du roman qui l’a inspiré. En fait, Adèle Maury a mis en image sous forme de monotypes noirs et blancs la rencontre entre Mina et le vampire à la demande de l’Orchestre National de Jazz qui a créé un spectacle, entre conte musical, opéra et théâtre. C’est donc une histoire d’amour qui est racontée mêlée à l'ambivalence des désirs.
Mina est à la recherche de sa mère dans la région montagneuse des Carpates quand elle voit un château mystérieux. Perdu dans la forêt, elle entre. Dracula qui ne demande qu’à aimer, l’attend. Un scorpion va piquer Mina et comme elle saigne, il va lécher son sang…
Le livre est accompagné d’un CD et je dois dire que la musique de l’ONJ est particulièrement adaptée pour créer une ambiance magique, entre l’ombre et la lumière.
Une histoire inédite qui explore et joue avec les codes du mythe.
Challenge Cœur d'artichaut 2022
Challenge Riquiqui 2022
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J'errais dans les rayonnages de la section jeunesse comme une âme en peine à la recherche du livre à présenter un jeudi matin en comité de lecture, quand soudain, face à moi, Dracula.
Est-ce le café du classique qui m'envoyait un message depuis l'au-delà ? Est-ce l'image de Nosferatu, son cercueil sous le bras qui revenait me hanter ? Ou simplement une réflexion basique de bibliothécaire attachée à la politique documentaire : mais qui a bien pu acheter ça et pourquoi ?
Je l'embarque, je le lis, une première, une deuxième, une troisième fois et là, je me dis que c'est évident : je dois le montrer à mes collègues et leur faire entendre. Car c'est un livre CD réalisé par l'orchestre national de jazz. En plus de proposer de magnifiques illustrations, il y a des chansons. Voilà, il suffit que ça chante et je succombe.
Du Dracula originel on ne retrouve qu'une infime partie de l'histoire. Et c'est Mina qui est au centre. Mina qui recherche sa mère disparue. Qui dans un tourbillon graphique de noir et de gris, court, déploie une énergie folle. Et dans l'ombre, le vampire. Un Dracula aux traits monstrueux et menaçants qui se détendent au fil des pages, qui deviennent sous le regard de Mina, humains.
De ne garder de ce classique de la littérature que l'amour, c'est audacieux. De faire de cet amour quelque chose d'aussi sombre que lumineux, c'est assez génial. De créer une ambiance sonore qui nous plonge dans l'histoire c'est juste parfait. Et d'entendre Mina chanter sa complainte et les larmes de Dracula, ravissant.
"Mais il est classé où ?" Ça, c'est une question de bibliothécaire circonspecte un jeudi matin. C'est un livre-CD, un roman illustré, un long poème d'amour. C'est pour les enfants pas si petits que ça, pour les grands qui aiment qu'on leur raconte des histoires. C'est ce genre de livres inclassables qui passent entre les mains de plusieurs acquéreurs qui ne savent pas où le ranger "mais c'est bien de l'avoir à la bibliothèque". Parce que c'est notre rôle de proposer de l'atypique, du hors cadre, des livres dont on ne sait pas bien qui ils toucheront mais qui ne nous laissent pas indifférents. Et espérer les rendre visibles aux yeux de quelques-uns.
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