LA PIERRE
O cet air soûlé de révolte
sur la place noire du Kremlin !
Les mutins secouent la branlante assemblée
Les peupliers embaument d'inquiétude.
Le visage de cire des cathédrales,
L'épaisse forêt des clochers.
On dirait que se cache dans les chevrons de pierre
Un brigand à la langue coupé.
Et dans les cathédrales scellées
Où il fait sombre et frais
Comme dans les tendres amphores d'argile
Pétille le vin de Russie.
La Dormition, courbe parfaite,
Toute entière allégresse de cintres divins,
Et l'Annonciation, tellement verte,
On dirait, soudain, qu'elle roucoule !
Les Archanges et la Résurrection
Sont transparents comme une paume,
C'est la passion, partout cachée,
Dans les jarres, dissimulée, la flamme. . .
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