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Citations de Ossip Mandelstam (306)


Ossip Mandelstam
Je n’ai pas envie de parler de moi, mais de tendre l’oreille pour écouter la germination et le bruit du temps.
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Ossip Mandelstam
Ses doigts sont gras comme des vers
Des mots de plomb tombent de ses lèvres
Sa moustache de cafard nargue,
Et la peau de ses bottes luit. 

Ossip Mandelsman parle de Staline. Il lui coûtera d’être arrêté et condamné à la relégation. Il mourra quatre ans plus tard dans un camp de transit vers la Kolyma.
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« Toute la chambre est imprégnée
De langueur – quel délicieux remède !
Penser qu’un si petit royaume
A englouti tant de sommeil »
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Une tristesse inexprimable
A ouvert deux yeux immenses.
Le vase de fleurs s’éveillant
Nous éclabousse de cristal.

Toute la chambre est imprégnée
De langueur — délicieux remède !
Penser qu’un si petit royaume
A englouti tant de sommeil.

Il n’y a qu’un peu de vin rouge
Et qu’un peu de soleil de mai —
La blancheur des doigts les plus fins
Émiette le mince biscuit.

LA PIERRE
1909
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« Souffre de ton angoisse comme d’une fable
Et soit tendre avec le superbe ennui. »
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À quel temps désires-tu vivre ?
Je désire vivre à l’impératif du participe futur, à la voix passive: au « devant être « .
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Ossip Mandelstam
En me privant des mers, de l'élan, de l'envol,
Pour donner à mon pied l'appui forcé du sol :
Quel brillant résultat avez-vous obtenu ?
Vous ne m'avez pas pris ces lèvres qui remuent !
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"L'air grisâtre est bruissant et moite ;
On se sent bien et à l'abri dans la forêt.
Docile je vais porter une fois encore
La croix légère des promenades solitaires.

Et de nouveau, vers l'indifférente patrie,
le reproche, comme l'oiseau, monte en spirale.
Je participe à la vie ténébreuse, je suis innocent de ma solitude.

Un coup de feu. Sur le lac assoupi
Les ailes des canards pèsent lourd à présent.
Les troncs des sapins sont hypnotisés
Par le reflet d'une double existence.

Ciel vitreux à l'étrange miroitement,
de l'univers la brumeuse douleur -
Ô permets-moi d'être pareillement brumeux,
Permets-moi de ne pas t'aimer."
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LENINGRAD

Je suis revenu dans ma ville familière jusqu'aux sanglots,
Jusqu'aux ganglions de l'enfance, jusqu'aux nervures sous la peau.

Tu es de retour, avale donc d'un trait
L'huile de foie de morue des lanternes de Leningrad sur les quais !

Le petit jour de décembre, reconnais-le bien vite
Au jaune d'œuf dissous dans le goudron sinistre.

Pétersbourg ! je ne veux pas encore mourir :
De mes téléphones, tu as les numéros.

Pétersbourg ! J'ai les adresses d'autrefois
Où je reconnais les morts à leurs voix.

J'habite l'escalier de service et la sonnette
Arrachée avec la chair tinte dans ma tête.

Et toute la nuit jusqu'à l'aube j'attends les hôtes chers
Et les chaînettes de la porte cliquettent comme des fers.


Décembre 1930, Leningrad.
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Hier je lisais Firdoûsi et j'avais l'impression qu'un bourdon, posé sur le livre, y butinait.
Dans la poésie persane soufflent des vents ambassadeurs, expédiés en cadeaux depuis la Chine.
Elle puise la longévité à l'aide d'une louche d'argent et gratifie qui le désire de trois ou de cinq millénaires.
Aussi les souverains de la dynastie des Djemjid ont-ils la durée de vie des perroquets.
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Ossip Mandelstam
Extrait de l'épigramme à Staline ( 8 distiques, composés mentalement et chuchotés à quelques personnes -dont un mouchard). Il n'aurait été "écrit" par Mandelstam qu'à la prison de la Loubianka, sur l'ordre de ses interrogateurs.
"Ses doigts, épais, sont gras comme vers de terre,
ses mots, infaillibles comme des poids d'un pound
L'entoure une racaille de chefs au cou frêle,
sous-hommes dont il use comme de jouets.
Un qui siffle, un autre qui miaule, un qui pleurniche,
Lui seul s'amuse en père fouettard et tutoie
Il forge comme fer à cheval, ses oukases
frappe, qui à l'aine, qui au front, qui à l'oeil..."(1933)
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Des monceaux de têtes s’effacent à l’horizon
Là-bas je me réduis, nul ne me remarque plus.
Mais en de tendres livres, et dans les jeux d’enfants.
Je ressusciterai pour dire : le soleil brille.
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Nous vivons sans sentir sous nos pieds de pays,
Et l’on ne parle plus que dans un chuchotis,

Si jamais l’on rencontre l’ombre d’un bavard
On parle du Kremlin et du fier montagnard.

Il à les doigts épais et gras comme des vers
et des mots d’un quintal précis comme des fers.

Quand sa moustache rit, on dirait des cafards
Ses grosses bottes sont pareilles à des phares.

Les chefs grouillent autour de lui - la nuque frêle.
Lui, parmi ces nabots, se joue de tant de zèle..

L’un siffle, l’autre miaule, un autre encore geint -
Lui seul pointe l’index. Lui seul tape du poing.

Il forge des chaînes, décret après décret...
Dans les yeux, dans le front, le ventre et le portrait.

De tout supplice sa lippe se régale.
Le Géorgien a le torse martial.

DISTIQUES SUR STALINEo
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La rose a froid dans la neige
– deux mètres sur le lac Sevan –
Et le pêcheur montagnard a sorti son traîneau d'azur peinturluré
Et les groins moustachus des truites patrouillent tout près d'un fond chaulé.
À Erevan comme à Etchmiadzin l'énorme montagne à gobé l’air entier.
On voudrait l'amadouer d'un air d'ocarina, ou de flûte, et que sa neige vienne vous fondre dans la bouche.
Neige, neige, neige sur papier de riz,
La montagne glisse vers mes lèvres.
J'ai froid. Je suis heureux.
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Ossip Mandelstam
En me privant des mers, de l’élan, de l’envol
Pour donner à mon pied l’appui forcé du sol
Quel brillant résultat avez-vous obtenu ?
Vous ne m’avez pas pris ces lèvres qui remuent !
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Le Tchernoziom

Trop vénérée, trop noire, de soins toute gâtée,
Toute en garrots velus, toute d’air et d’égards,
S'effritant toute entière et formant un choral,
Mottes humides de ma terre et de ma liberté !

Dans les premiers labours, noire jusqu'à l'indigo,
Et le travail désarmé prend en elle naissance :
Collines par milliers dans les labours des mots
Comme s’il existait un cercle sans circonférence.

Terre pourtant, tête de hache, égarement —
Même à qui se jette à ses pieds, toujours rebelle,
Flûte qui rabote l’oreille en son pourrissement,
Clarinette matinale figeant l’ouïe sous le gel.

Et comme elle se tait la terre retournée en avril,
Et comme elle est grasse sur le soc, et jouissance !
Eh bien ! je te salue, Tchernoziom aux grands yeux, sol viril,
Noir langage en labeur du silence !

(Avril 1935, Voronèje)
[p. 183]
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Ossip Mandelstam
Ossip Mandelstam à Anna Akhmatova et Boris Pasternak
Je suppose que je ne devrais pas me plaindre. J'ai la chance de vivre dans un pays où la poésie compte. On tue des gens parce qu'ils en lisent, parce qu'ils en écrivent
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Sous le fouet rougiront tes épaules si frêles,
Tes épaules si frêles brûleront dans le gel.

Tes mains fines auront des fers à soulever,
Des fers à soulever, des cordes à tresser.

Sur le verre iront nus tes tendres pieds d'enfant,
Tes tendres pieds d'enfant sur le sable sanglant...

Et, cierge noir, pour toi il me faudra brûler,
Il me faudra brûler mais sans oser prier.

(Février) 1934
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Musique à Pavlovsk
Je me souviens bien des années sourdes de la Russie-les années quatre-vingt-dix au lent mouvement rampant, au calme maladif, au provincialisme profond-une anse d'eau stagnante, silencieuse : le dernier refuge du siècle mourant. Pendant le thé du matin, les conversations au sujet de Dreyfus, les noms des colonels Esterhazy et Picquart, les discussions embrumées autour d'un certaine "Sonate à Kreutzer" et, chose qui me faisait penser à un changement de dynastie, la succession des chefs d'orchestre au pupitre réhaussé, sous la verrière de la gare de Pavlosk. Vendeurs de journaux dans leur recoin, massives et statiques excroissances du trottoir, qui ne crient pas, ne bougent pas ; étroites calèches avec leur petit banc escamotable pour une tierce personne : détail après détail, je me représente ces années quatre-vingt-dix comme une suite de tableaux intérieurement liés par une médiocrité discrète, par une provincialité morbide et condamnée : les fragments d'une vie en train de mourir.
(incipit)
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Je m'égarai dans un bois miniature
Et découvris une grotte azurée...
Est-il vrai que je suis réel
Et que la mort réellement viendra?
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