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Citation de sonatem


II La lune dans le labyrinthe
AMOURS : TERUSA, II
     
Voici venir les quatre chiffres de l'année.
On dirait quatre oiseaux heureux.
Ils se posent sur un fil
avec le temps nu devant eux.
Pourtant,
à présent ils ne chantent pas.
Ils ont dévoré le blé, ils ont combattu
ce printemps lointain
et corolle à corolle il n'est resté
que cet espace long, si long.
     
Mais puisque tu viens en visite,
vieille amie, amour, ô fille invisible,
assieds-toi, je t'en prie,
à nouveau
dans l'herbe.
     
Maintenant il me semble
que ta tête a changé.
Pourquoi
pour venir jusqu'ici
as-tu couvert de cendre
la belle chevelure de charbon
qu'un jour mes mains dénouèrent, dans le froid
des étoiles de Temuco ?
     
Où sont-ils, tes yeux ?
Pourquoi as-tu pris ce regard si strict
pour me regarder moi si je n'ai pas changé ?
Où as-tu donc laissé l'or de ton corps ?
Que sont devenues tes mains entrouvertes
et leur phosphorescence de jasmin ?
     
Entre chez moi, regarde la mer avec moi.
Une à une les vagues
ont usé
nos vies
et non seulement l’écume s’est brisée
mais les cerises,
les pieds,
les lèvres
de l’âge cristallin.
     
Adieu, maintenant je t’en prie
regagne ta chaise d’ambre
sur la lune,
retourne au chèvrefeuille du balcon,
reviens
à l’image brûlante,
accorde tes yeux
aux yeux
de ce temps-là,
dirige-toi sans te presser
vers la photo
radieuse,
entre
au plus profond de celle-ci,
dans son sourire,
et puis regarde-moi
avec son immobilité, jusqu’à ce que
je te revoie
depuis cela,
depuis ce temps,
depuis celui que je fus dans ton cœur en fleur.
     
     
Mémorial de l'Île-Noire (1964) – pp. 64-66
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