L’étincelle qui avait jailli au moment où leurs yeux s’étaient rencontrés avait allumé un feu qui ne pouvait plus être contenu.
Tonia savait ce qui allait maintenant se passer mais, comme un enfant qui se réjouit à l’avance de ce qui l’attend le matin de Noël, elle voulait savourer ces sentiments nouveaux avant de les explorer pleinement. Elle était remplie d’une impatience qui la faisait trembler.
L’amour de Théo était à la fois tendre et passionné et Tonia se laissa emporter sans retenue par le plaisir inouï qu’il lui donnait.
Quand il la sentit au bord de l’extase, il la serra très fort contre lui et ils se donnèrent sans retenue l’un à l’autre. Ce fut un moment de félicité incomparable. Tous deux brûlaient du même désir et leur commune passion éclata en une gerbe de bonheur…
Huit ans plus tôt, il avait fait la connaissance d’une ravissante jeune fille courageuse et déterminée qui avait le don de l’irriter et de le fasciner à la fois. Et il n’était jamais parvenu à l’oublier. Comment était-elle à dix-huit ans ? A vingt ans ? A vingt-quatre ans ? Avait-elle rencontré l’amour ? S’était-elle mariée ? Avait-elle des enfants ?
Curieusement, il ne supportait pas l’idée qu’elle puisse ne plus être seule. Et pourtant, ces lèvres sensuelles n’appelaient-elles pas le baiser, ce corps magnifique la caresse ? Comment résister au charme qui émanait d’elle ? Non, les prétendants ne devaient pas lui avoir fait défaut.
Il avait beau essayer de la chasser de son esprit, l’image de la jeune femme y revenait avec sans cesse plus de force, comme si, au lieu d’estomper son image, le temps la rendait de plus en plus précise, de plus en plus palpable. Jamais personne n’avait produit un tel effet sur lui.
Et maintenant, il l’avait revue. L’évocation de sa nudité à la fois innocente et sensuelle éveilla en lui une violente bouffée de désir.
Huit ans plus tôt il avait éprouvé pour elle une attirance lancinante. Elle était tellement adorable, tellement courageuse !
Les sensations qui la submergeaient ne ressemblaient en rien à ce qu’elle avait éprouvé jusque-là. Rien ne l’avait préparée à la sensualité de ces instants. Ses jambes fléchissaient sous elle, son cœur battait la chamade et un délicieux frisson parcourait son corps tout entier. Dans un sursaut de lucidité, elle comprit qu’elle rêvait de cette étreinte depuis plusieurs années. Alors, elle se laissa aller à l’ivresse d’une voluptueuse capitulation, elle livra son corps et son esprit à l’irrésistible pouvoir de son compagnon.
Je n’ai pas oublié qu’à l’université vous lisiez encore Delly pendant que nous pratiquions déjà l’amour libre. Ma chère, vous êtes une incurable romantique. J’ai toujours pensé que vous n’auriez pas dû naître au XXe siècle. Vous auriez dû venir au monde à l’époque où les chevaliers en armure enlevaient les innocentes demoiselles sur leurs blancs destriers. Même après votre divorce, je ne crois pas que vous ayez compris que les gens ne peuvent pas vivre heureux toute leur vie.
Telle la Belle au bois dormant, elle s’éveillait à la réalité des choses. Jusqu’à ce baiser qu’ils avaient échangé au bord de la Tamise, Tonia n’avait jamais pleinement eu conscience du lien étroit qui peut exister entre un homme et une femme. Robert avait touché chaque millimètre de son corps sans éveiller en elle aucune sensation. D’un seul baiser, Théo lui avait donné plus qu’elle n’avait jamais eu et elle savait qu’il lui apporterait beaucoup plus encore.
Il valait mieux qu’elle s’habitue à penser à cette aventure comme à un joli rêve, à quelque chose qui n’avait jamais existé.
Elle comprenait maintenant que ce n’était pas tellement Théo qui était important, mais l’effet qu’il avait eu sur elle. Ce court moment qu’ils avaient passé ensemble lui avait tellement appris ! Avec lui, elle s’était enfin sentie femme. Ce qui la portait vers cet homme l’effrayait et la rassurait à la fois.
Le souvenir de ma mère reste inscrit en moi de manière lancinante. Certains parfums me rappellent son odeur quand elle se penchait vers moi pour m’embrasser. Certaines musiques m’évoquent les berceuses qu’elle me chantait. J’étais son seul enfant. Comme mon père s’absentait souvent à cause de son travail, nous étions très proches.
La vie est souvent terne et monotone, mais,aujourd’hui, tout était somptueux, parfaitement ordonné. Comme dans les contes de fées, le prince charmant a épousé la jeune et jolie fille d’un comte. L’archevêque, en costume médiéval, et les sonneries de trompettes nous transportaient dans un autre siècle.