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Critiques de Paol Keineg (7)
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Hommes liges des talus en transes (précédé de) ..

HOMMES LIGES DES TALUS EN TRANSE



Relisons, réécoutons et revivons ci-dessous l'intégralité du texte-fleuve du merveilleux poème en prose intitulé "Hommes liges des talus en transe" composé par Paol KEINEG à l'âge de 25 ans, publié en 1969 dans la revue "L'aube dissout les monstres" de Pierre-Jean Oswald (Paris), œuvre mise en lumière quelques années plus tard par l'interprétation éblouissante qu'en donna Alan STIVELL en son album "Trema'n Inis"/"Vers L'île" de 1976 :



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« Il pleut sur les coqs de bruyère

Il pleut sur les constellations de bouleaux blancs

Il pleut sur les charrues matinales barbouillées de terre glaise

Il pleut sur le pain chaud au sortir des fours visités d'un gros feu tranquille

Il pleut sur le poitrail des chevaux rubiconds

Il pleut à verse sur la pelouse des toits lacustres baignés de merles et de bouvreuils

Il pleut sur les femmes obstinées à emplir les églises par l'entonnoir des porches

Il pleut sur les planchers d'aiguilles de sapin sur l'escalier des mousses remuées de salamandres

Il pleut sur le lac tranquille des âmes simples

Il pleut sur les hommes lourds et muets



Je m'éveille

Et je m'assois sur les talus limpides

Et je m'installe sur la fesse des montagnes de laine

Et je compte

Et je compte

Las de l'exil

J'approche de la table, le banc

Et à la clarté des couteaux

Je laisse plonger en moi les racines du pain



Plus loin que les matins de globules rouges

Plus loin que le sang caillé des bruyères où rament les éperviers

Plus loin que les lièvres blancs et gris et que les cheminées qui reprennent haleine



Plus loin que les courts matins d'hiver qui voient passer dans l'œil des enfants la caresse des étangs sauvages

Plus loin que les chevaux qui hennissent rouge au cœur des patries effilochées

Plus loin que la végétation des colères inextricables qui lancent leurs lianes parmi les hommes en démolition

Plus loin que les migraines veloutées qui grattent et qui mordent

Plus loin que les aurores boréales brûlées de banquises à la rencontre des pays de rosée

Plus loin que les destins limés à ras de rotule

Plus loin que la braise flambante de l'œil



Le silence

Le champ clos du silence

La fermentation du silence

Qui butte contre les vitres



Hommes je vous parle d'un temps qui nous appartenait plus

Mais d'un temps artésien qui sourd au moindre coup de pioche

Je vous parle du temps où l'on bâtissait les forêts

Du temps où chaque fleur recevait des hommes le sel du langage



Du temps où cette terre était hantée d'un peuple solennel

C'était du temps où l'homme était un frère pour l'homme

Où les hommes se disaient bonjour du haut de leurs collines

Où les hommes chaque matin saluaient le lait de la pluie



J'ai compté

La rose du ciel vert

Les nasillements d'hirondelles à ras de cheminée

Les impulsions d'aubes feuillues chez les hommes qui naissent à eux-mêmes

La dépossession d'une patrie entière



Et au bout de l'océan

Les cocons de nuit

La course droite des sangliers

La plainte des moissons moisies tramées d'insectes vidés

Au bout de l'océan

Les campagnes fugueuses et les villages en quinconce débordant du fatras des moissons

Au bout de l'océan

Le poil humide des chevaux de cristal

Le corail des lavoirs et des sources

Les chiens roux lisses de sommeil

Au bout de l'océan

La machine des bocages explosifs

Les gradins de l'aurore parmi les arbres craquants

Au bout de l'océan

Le rire des sauterelles

Le maquis des congres et des lamproies

La connaissance ininterrompue de la mort

Au bout de l'océan

L'établissement des hommes lucides

Inventant une patrie délibérée

Dressant sur les promontoires des villes de pierre des animaux de chair

Au bout de l'océan

Les reflets battus d'oiseaux rares

Le sifflement de la vapeur dans les poumons et les poignets tendus

Au bout de l'océan

La confusion des paroles et des gestes

La Visitation d'étranges bêtes brûlantes agitées de soubresauts

La Visitation massive de boules de feu



Je te crie pays

Pour tes éblouissements d'yeux dardés

Pour tes contrebandes de chaleurs farouches

Tes généalogies engluées

Tes granits poreux et glacés

Je te crie pays

Pour tes fouillis de luzerne à fleur de peau

Tes pur-sang purulents qui verdoient de sulfure

Tes murs d'écurie écrasés par le coups de pied des chevaux

Pour vous tous qui êtes moi

Ou plus encore

Vous tous qui êtes plus que moi

Et je vous entends tourbillonner dans la dérive des silences giclés

Et je crie



Suicides mauves

Derrière les persiennes clauses

Enfants rachitiques que l'on repousse du bout du pied

Hommes qui traversez la vie comme on traverse un long tuyau humide

Paysans coagulés tronc à tronc conduisant de la voix les ruées des troupeaux

Soleils que l'on dirige à bout portant contre le cœur des chevaux

J'ai vu mourir dans la nuit blonde

Les enfants couleur de nacre et les filles brunes surgies du lait

J'ai vu tomber par touffes l'ardoise des toits inertes

J'ai vu proliférer les marécages aux lèvres des collines

Il faisait un temps de flammes vertes

Un temps de poussière d'acier

Un temps d'yeux germés

Et j'ai vu sous les portières du Ponant

S'effriter les enfants pâles et dilatés

Lourds héritages de fatigue

D'espoirs séquestrés

De forêts en gestation

Chroniques blettes de chanteurs vibrant dans la lumière des branches

Pays de paille grise

Pays d'humidité redoublant de violence

Pays d'attente et d'éboulis

Je contemple ce pays bâti de côtes et de criques

Cerné de climats douceâtres

Traqué de tourbes révolues

Outrepassé de tumeurs pâles et de pustules

Où il n'y a pas de place pour le paysan seigneur des terres immobiles

Pour le prolétaire en usine combattant les négoces et les engrenages féroces



Soudain nous prend en route

Le mal taillé en coin

Le mal qui vrille et qui taraude

Le mal qui fore et qui perfore

Le mal qui force chaque pore

Le mal mèche de tarière

Le mal douleur de vilebrequin

Le mal du pays natal



Mes frères, mes frères

Hommes brûlants plantés d'épines

Hommes tranchants à l'écoute des séismographes

Hommes de mon pays et d'ailleurs

Buvez aux geysers de l'humanité

Appareillez pour de grands hommes lourds de justice

Rassemblez vos propos acérés depuis la pulsation des estuaires

Jusqu'aux profondeurs de l'étable

Hommes simples assis dans votre étable fermée

Hommes empêtrés de tabous et d'interdits

Je vous entends pourtant crépiter dans les flammes dévorantes de l'esprit

Hommes liges des talus en transe et des villages abandonnés

Hommes brodés urinant le long des fossés

Hommes de vieilles candeurs célébrant des divinités aux joues roses et fanées

Et vous aussi, hommes des villes collectionneurs de meubles et d'ustensiles

Hommes émaciés pourrissant sur la muqueuse des villes étrangères

Vous partagez nos démangeaisons de liberté

Hommes puissants disputant la sérénité de l'orgue et des esplanades

Hommes croustillants héritiers de toutes lèpres et de toutes famines

Hommes trop humiliés les poings fermés de fureur

Terrés dans le tanin de vos chairs meurtries



Il n'y a pas de passé en Bretagne

Seulement un imperceptible mouvement des lèvres

Au détour de petites phrases anodines et friables

Seulement un présent de grossières en justice

Un avenir barré de violence et de poussière

Il n'y a pas de passé en mon pays

Sinon un bourdonnement d'hommes réfractaires

Je revois les genêts sur l'urine sèche

Les manoirs de quartz entourés de haies



Mais je ne peux m'asseoir longtemps dans l'herbe

Les déportations massives continuent

Nous avons chaud à nos fleuves

Nous avons chaud à nos relents d'alcool

Nous sommes un peuple hauts fourneaux

Un peuple coulé d'aubépine

Nous ne capitulons pas



Je m'arrête près des herses et des rouleaux

Je mâche mes premières pousses de liberté

J'ouvre l'éventail des champs labourés

Et notre peuple accompli soudain des révolutions étincelantes à la face du monde

Un peuple vaincu s'exerce au maniement des marées montantes

Je les vois qui s'assemblent tous sur les places

Bûcherons de l'aube arrimés aux cotres du soleil

Défricheurs herbus et ruminants jetant les grappins dans un passé interdit

Ecoliers ternes et appliqués établissant soudain des relations de cause à effet

Ouvriers analogues s'éveillant avec lenteur au creux des faubourgs crispés

Grappes de femmes lourdes enracinées dans la douleur des hommes

Ouvriers en grève exigeant droit de regard et de pression sur les tubulures du pays

Colleurs d'affiches, vendeurs de journaux, distributeurs de tracts, porteurs de pancartes

Etudiants insolents et nerveux se dérobant avec véhémence

Aux haleines fétides, aux visages craquelés

Ecoliers rieurs éprouvant du pied le fragile équilibre de l'eau et du feu

Syndicalistes vingt fois licenciés aux gestes robustes d'hommes mesurant l'éternité

Paysans matraqués à bas de leur tracteur qui le soir sortent les livres précieux sur la table

Vous êtes la Bretagne qui vient au feu

Vous êtes la Bretagne qui s'ouvre aux vents du monde

Aujourd'hui je vous le dis

Nous allons procéder à des glissements de terrain

Il y aura des sursauts de lumière dans le brouillard des solitudes

Et l'angle des fenêtres écumera de fougères

Alors, nous nous installerons dans l'odeur des charpentes et le soulèvement des toitures

Pour des émeutes de tendresse

Aujourd'hui je vous le dis

Un peuple nouveau émerge lentement qui se ménage des moissons exemplaires

Un peuple nouveau se dégage des siècles gluants

Ce pays chloroformé

Ce pays bruissant d'espoirs clandestins

Rouvre les yeux sur les banlieues sous-marines

Que naissent en moi les pluies câlines

Pour humecter les campagnes polychromes

Que saignent les fougères fripées pour le plaisir des hommes qui tâtonnent

Qu'éclatent les bouches captives de mon peuple enfanteur d'hirondelles

Que se redressent les maisons arrachées à la matrice des frondaisons liquides

Que s'éveille mon peuple aux quatre coins du monde matinal... »



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Tant de nostalgies s'éveillent en nous à chaque nouvelle écoute des "Hommes Liges..." interprétée par le barde Alan Stivell. Chaque bloc de mots-matière y forme image vivante, fluide et éveilleuse, devient pastille de sensorialité pure...



Oh, bien sûr, si différemment des lumières fugaces surgies d'un roman de Georges SIMENON ("Les Demoiselles de Concarneau"), d'un éblouissement "au détour des petites phrases anodines" de l'un des romans d'André DHÔTEL ("Pays Natal") ou encore d'un tableau-paysage des romans-poèmes de C.F. RAMUZ ("L'Amour du monde")... mais que de parentés secrètes !



Ici, l'on vous parlera de "pluies câlines", de "campagnes polychromes"...



Ou bien intuitions magnifiques : comment s'échapper et que penser de ces "généalogies engluées" ?



Les vers peuvent y devenir luisants, métamorphiques, étranges mystères vibrants : souvenons-nous de ces "éblouissements d'yeux dardés" et autres "contrebandes de chaleurs farouches"...



Bien sûr, l'idéologie "socialiste ouvrière", célébrée et vécue par l'auteur en ses derniers vers, celle qui nous semble si lointaine, défunte et presque "exotique" aujourd'hui : "Le monde d'hier" (celui que célébrait le cher Stefan ZWEIG), très sain pourtant, et que goûterait peu son compatriote réactionnaire milliardaire Bolloré de "Finis Terrae" (sournois fabricant de "Z." et autres "C-Fachos-News" entre autres brimborions)... Bien loin de l'esprit généreux de l'U.D.B., n'est-ce pas ? :-)



Qui dira, un jour, tout le génie et (ici, dès 1969) l'apothéose tranquille du talent de Paol KEINEG, né en 1944 à Quimerc'h (Finistère) ?



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Mais voici un extrait de sa fiche bibliographique issue de l'encyclopédie en ligne WIKIPEDIA :



"Paol Keineg, est un poète et dramaturge breton né à Quimerc'h (Finistère) le 6 février 1944.



Surveillant d'externat à Pont-l'Abbé, Quimper, Brest, il obtient une licence de lettres modernes à l'université de Bretagne occidentale en 1968. Maître auxiliaire à Morlaix, puis Brest. Il est mis à la porte de l'enseignement en 1972, sans justification officielle, mais pour des motifs politiques (il était militant de l'UDB, Union Démocratique Bretonne).



Il rejoint Jean-Marie Serreau, au Théâtre de la Tempête, qui met en scène sa première pièce, "Le Printemps des Bonnets rouges", puis se retrouve au chômage et travaille comme chaudronnier à la réparation navale. Il entame en 1974 un stage de soudeur à la FPA de Rennes, auquel il est reçu. Il crée et dirige la revue "Bretagnes" de 1975 à 1978. Il y traduit et publie notamment la poétesse Rita Dove, presque inconnue à l'époque.



Immédiatement après, il quitte la Bretagne pour la Californie, où il exerce quelque temps divers petits métiers et apprend l'anglais. Pendant un certain temps, il fait la navette entre Europe et Amérique du Nord. En 1977, il s'inscrit à l'université Brown de Providence (Rhode Island). Il y reçoit son Ph. D. en lettres en 1981. Il enseigne principalement au Dartmouth College, à université Brown, puis à l'université Duke à Durham, après avoir été professeur invité à l'université de Californie à Berkeley et l'université Harvard. Il vit maintenant en Bretagne.



Il fut le cofondateur de la revue "Bretagnes", et en 1983, avec Alain le Beuze et Denis Rigal, de la revue "Poésie-Bretagne".



Jean-Luc Moreau lui a dédié sa traduction du roman de Frans Eemil Sillanpää, "Hiltu et Ragnar".



Il est le père de la chanteuse Katell Keineg. Son œuvre a été consacrée en 2020 par le prix de poésie Yves Cosson remis par l'Académie littéraire de Bretagne et des Pays de la Loire."
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Mauvaises langues

Il a été jeune, il était en colère, s’est senti devenir barde et chantait son Pays et sa langue, dans les recueils :

« Hommes liges des talus en transes »,

« Le poème du pays qui a faim »

Un jour il a dû fuir( ?) ou abandonner( ?), vers les Amériques

Revenu au pays après plus de trente ans passés aux Etats-Unis.

Il bouge encore, continue à montrer les dents. Ironique, fataliste et lucide.

Il s’interroge sur lui-même et sur la poésie.

« Que faire d’un monde/bâti contre l’amour ? ».

Pas de glorification de la poésie, vécue comme une activité sans doute nécessaire mais aussi banale que celle des paysans qui peinent dans leurs champs ou nourrissent leurs batteries de cochons

Il tire du quotidien de petites leçons qui, dans leur modestie, manifestent l’universel, telle cette bicyclette renversée dont les rayons semblent parler.



« Je renverse le vélo

Pour faire entendre la musique des rayons

(La pureté existe)



Dans les accélérations que donne la main

On assiste en direct

A la naissance du langage



Ainsi nait la langue

(Même dans les pays sans vélo)

Et tout cycliste est un linguiste.



Le son que tire la main du vélo retourné

Dit qu’au contact du lieu de naissance

Le guidon et la selle écoute. »



………………………………………………………………….

« Chaque page avance

A la vitesse d’un bovin,



Sans autre bruit que le bruit

De la peau sur la page »





Apaisé ?

En tout cas une langue incisive et précise







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Quatre poires / Peder berenn

Anjela Duval est une poétesse de la vie de tous les jours, des champs, des bêtes, des saisons. Elle qui était agricultrice et vivait et travaillait seule, elle trouvait le soir du temps pour écrire à la chandelle, dans cette langue bretonne qu'elle aimait tant ! Cette édition bilingue rend accessible son œuvre aux non-bretonnants, ou aux bretonnants novices comme moi ;)
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Quatre poires / Peder berenn

Marie-Angèle Duval naît en 1905 dans une modeste famille de cultivateurs de la commune de Vieux-Marché, dans les Cotes d'Armor

Anjela Duval est cette femme qui, pendant le jour, cultive la terre de sa petite ferme, -Traon-an-dour-et qui, le soir, sort ses cahiers et écrit des poèmes. Le breton est sa langue de tous les jours, et elles y révèlent son amour lucide de la nature, ses angoisses et son humour.



« Je me suis dit un jour, quand même, moi je ne suis qu'un nourrisson. Je me nourris de tout ce que les autres écrivent ; il faudrait que j'essaie d'écrire quelque chose pour aider un peu….. Alors j'ai commencé à écrire mais je faisais des fautes. (Jusque-là) je me contentais de lire pour savoir comment était l'histoire, pas pour savoir comment c'était écrit. »



PS :Et je n'ai toujours pas compris pourquoi ce livre apparaissait sous le nom de Paol Keineg . L'auteur est bien Anjela Duval et l’œuvre traduite par Paol Keineg







PS factuel : Dans cette même commune du Vieux Marché a lieu un pèlerinage islamo-chrétien. Car depuis près de 70 ans, chrétiens, musulmans, athées, se retrouvent chaque année au Vieux Marché autour d'une histoire commune, celle des "Sept dormants d'Éphèse" lors d'un pèlerinage islamo-chrétien (dont l'origine revient au professeur louis Massignon.)



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Quatre poires / Peder berenn

Recueil de poésie de la plus grande poétesse bretonne. Puissant, réaliste et émouvant. Je ne suis pas un grand lecteur de poésie mais ici, je suis en admiration. Angela était une paysanne, au sens noble, très attachée à la Bretagne, à sa terre et à sa petite ferme. Sa poésie reflète cela : authentique, rude mais très jolie. Elle écrivait en breton, sa langue natale, uniquement. Cette édition propose une superbe traduction en français (ainsi que les poèmes originaux en breton) d'un de ses amis et admirateur.
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Chroniques et croquis des villages verrouillés

Une poésie rude, militante, urgente et inspirée, aux racines brumeuses comme les landes de la terre qui l'a vue naître, une plume dans la main, l'autre levée en serrant le poing. On prend la prose de Keineg comme un choc, une évidence, ou comme le dit si bien Yves Rouquette : "la poésie, il faut la manger crue. Tant pis pour vous si celle de Keineg doit vous rester sur l'estomac : accusez votre régime habituel." Tout est dit, ou presque : il vous reste juste à découvrir et à vibrer.
Lien : http://territoirescritiques...
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Mauvaises langues

Les dits de Paol Keineg ont été cueillis en Bretagne entre chemins et lieux-dits. Si vous ne les connaissez pas, tant pis, vous les inventerez comme bon vous semble. Pour l'auteur, ils sont comme gens d'ici et c'est tout ce qui importe. C'est le rythme du pas, le silence habité par les arbres qui font le terreau de ses pensées du jour.



Il fait un temps

à ne pas mettre un poète (un vrai, un certifié)

sur la route qui va de Kerouzarc’h

à Toull ar C’hoat

[...]

Et moi sur la route

j'écoute les bruits de l'eau qui descend de Ti Nenez

le couic couic de mes chaussures vers Logonna

et c'en est énervant



À ras du quotidien, de l'âge qui s'accuse, au large du vécu, Paol Keineg pense en poésie. Il peut peindre au passage mais ce n'est pas son souci. Plus certainement la langue interroge le pays de son esprit, la poésie, les cages à poule et les clapiers d'encore aujourd'hui.



Le rocher blanchi par les fientes

des cormorans

qui se chauffent au ras de l'eau,

et dans ma tête



écrite depuis cent ans

l'histoire de la disparition des langues.

[...]
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