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EAN : 9782916447605
96 pages
Obsidiane (14/11/2014)
4.2/5   5 notes
Résumé :
Ce nouveau recueil "Mauvaises langues", dont le titre même joue sur les mots, s'inscrit dans le sillage de "Triste Tristan" [2003], de "Là et pas là" [2005], et, récemment, d'"Abalamour" [2012].

Long thrène de quatre-vingt six poèmes, qui n'en sont qu'un en vérité, portés par une déréliction native (« Tuer en soi / la haine de soi ») que, seul, l'humour et l'ironie sauvent du désastre. Mais au prix d'une langue chahutée, incisive et précise, qui est l... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Il a été jeune, il était en colère, s'est senti devenir barde et chantait son Pays et sa langue, dans les recueils :
« Hommes liges des talus en transes »,
« le poème du pays qui a faim »
Un jour il a dû fuir( ?) ou abandonner( ?), vers les Amériques
Revenu au pays après plus de trente ans passés aux Etats-Unis.
Il bouge encore, continue à montrer les dents. Ironique, fataliste et lucide.
Il s'interroge sur lui-même et sur la poésie.
« Que faire d'un monde/bâti contre l'amour ? ».
Pas de glorification de la poésie, vécue comme une activité sans doute nécessaire mais aussi banale que celle des paysans qui peinent dans leurs champs ou nourrissent leurs batteries de cochons
Il tire du quotidien de petites leçons qui, dans leur modestie, manifestent l'universel, telle cette bicyclette renversée dont les rayons semblent parler.

« Je renverse le vélo
Pour faire entendre la musique des rayons
(La pureté existe)

Dans les accélérations que donne la main
On assiste en direct
A la naissance du langage

Ainsi nait la langue
(Même dans les pays sans vélo)
Et tout cycliste est un linguiste.

Le son que tire la main du vélo retourné
Dit qu'au contact du lieu de naissance
Le guidon et la selle écoute. »

………………………………………………………………….
« Chaque page avance
A la vitesse d'un bovin,

Sans autre bruit que le bruit
De la peau sur la page »


Apaisé ?
En tout cas une langue incisive et précise



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Les dits de Paol Keineg ont été cueillis en Bretagne entre chemins et lieux-dits. Si vous ne les connaissez pas, tant pis, vous les inventerez comme bon vous semble. Pour l'auteur, ils sont comme gens d'ici et c'est tout ce qui importe. C'est le rythme du pas, le silence habité par les arbres qui font le terreau de ses pensées du jour.

Il fait un temps
à ne pas mettre un poète (un vrai, un certifié)
sur la route qui va de Kerouzarc'h
à Toull ar C'hoat
[...]
Et moi sur la route
j'écoute les bruits de l'eau qui descend de Ti Nenez
le couic couic de mes chaussures vers Logonna
et c'en est énervant

À ras du quotidien, de l'âge qui s'accuse, au large du vécu, Paol Keineg pense en poésie. Il peut peindre au passage mais ce n'est pas son souci. Plus certainement la langue interroge le pays de son esprit, la poésie, les cages à poule et les clapiers d'encore aujourd'hui.

Le rocher blanchi par les fientes
des cormorans
qui se chauffent au ras de l'eau,
et dans ma tête

écrite depuis cent ans
l'histoire de la disparition des langues.
[...]
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
11.

Le rocher blanchi par les fientes
des cormorans
qui se chauffent au ras de l'eau,
et dans ma tête

écrite depuis cent ans
l'histoire de la disparition des langues.
Rentrer à la maison
je lis des pages de Creeley au lit,

je m'éteins à minuit.
Creeley est mort, Hawkes est mort,
en rêve je me dépêche
d'expédier

les affaires courantes
parce qu'en rêve
les larmes
coulent toujours à point.
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Ma mère voyait clair à la veille de sa mort,
elle avait fait le pari de l’irréalité
pour gagner sa place au paradis.
Le cimetière n’est pas le paradis,

c’est un lieu de passage
soumis aux contrôles d’identité,
à la politique des corps.
Débarrassée du sien

ma mère ne demande pas la résurrection
des corps,
tout à son âme
Qu’elle n’a pas noire

elle ne demande pas pardon,
en rêve elle crie au secours.
À sa droite, je me lave les mains,
je monte la garde en centurion romain.

………………………………………………………………………

Loin, très loin des grands textes,
l'envie de me mettre à quatre pattes
comme un vieux chien
pour le plaisir de m'ébrouer après le poème.

La poésie n'est pas ça, ni ça,
elle ne soulage de rien,
elle ne remue pas la queue
(manquerait plus que ça),

il faudrait l'imprimer
sur les boîtes pour chiens
ou comme le réclamait Perros
sur le papier-toilette.

………………………………………………………………………………………………….
Je ne me suis jamais baigné deux fois
dans le même fleuve
parce qu'il n'y avait pas de fleuve
et parce que je ne sais pas nager.

Voici le Styx, voici le Mississippi —
pour entreprendre la traversée
Il faut d'abord croire
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La vraie vie n’existe pas,
l’autre, la pas vraie,
aux soirs d’hirondelles mentales,
suffit.
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Chaque page avance
à la vitesse d'un bovin,
sans autre bruit que le bruit
de la peau sur la page
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