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3.88/5 (sur 4 notes)

Nationalité : Irlande
Né(e) à : Portlaoise , 1963
Biographie :

Ecrivain irlandais, il vit à Dublin.

Poète, nouvelliste et traducteur de français, il a également publié une fiction pour adolescents.

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Citations et extraits (7) Ajouter une citation
Estuaire



« Il n'y aura bientôt plus le moindre oiseau. »
dit le vieil homme assis sur le banc
dominant l'estuaire où une dizaine de courlis
ravaudent en rond un ourlet effiloché de soie bleue.
Ç'avait été un jour si calme, si tranquille.
Peut-être est-il mon visiteur mythique
porteur de terribles et sombres nouvelles.
Assis près de moi. Ce qu'il a pu lire
le tourmente déjà, il en a l'encre
au bout des doigts. Nous parlons des heures
jusqu'à la marée gris argent du soir qui vient
glisser à nos pieds. Je rêve cette nuit
du dernier vol de courlis sur l'estuaire,
de traînées d'encre se diluant dans l'eau.
Je m'éveille, inspecte le pays de mes mains,
les voyant comme ferait un oiseau de mer ou un drone,
si faibles, si petites, si lointaines.


/traduit de l’anglais (Irlande) par Emmanuel Malherbet, bilingue,
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L’œil du cochon


En premier, l’homme à tout faire, s’acharnant à déboucher
les chiottes paroissiaux avant les confirmations ;
« Mon père, » – doigt à la visière, salut au jeune curé
qui a promis du bonus si c’était réparé à temps –
« pour cinq shillings, je vous enverrais cette merde au ciel. »
En second, ce pauvre malheureux ayant avoué
à ma mère qu’après d’innombrables jours
de lard au chou, tant et plus de lard au chou,
ça lui plairait bien qu’elle change le menu :
du chou au lard. Troisième vient le voisin
qui rejoignait de ci de là la famille paternelle
pour cette fête, la fête du cochon bouilli,
et qui chantait – mon père aimait bien le rappeler –
« Donne-moi l’œil, car c’est l’œil que j’aime ».
Tous, bien sûr, ont aujourd’hui disparu,
à moitié flous et anonymes, l’un confondu
à l’autre dans la fumée de tourbe des souvenirs d’enfant.
Tous avaient en commun la même ténacité, le même
humour à toute épreuve. Ils me rejoignent
parfois la nuit, quand tout a été dit.
Le premier, le type qui empeste le ciel,
claudique sur le chemin d’une bicoque où
la famille s’est regroupée après le boulot ;
l’éclat d’une lampe danse sur le tranchant d’un couteau.
Une femme sert des louches de soupe au chou. Quelqu’un
prend le couteau, l’enfonce dans la chair
d’une tête de porc qui trône au milieu de la table ;
surgi de l’ombre un vieux voisin demande
qu’on bénisse l’œil : « Donne-moi l’œil, »
font-ils en écho, « car c’est l’œil que j’aime. »
Et pour de bon on fait passer l’œil tout du long
de la longue table, chaque convive à son tour,
grotesque dans l’ombre de la lampe à huile,
grimace et ricane, grogne puis se recroqueville,
et c’est comme s’ils sentaient qu’on les observe, là,
depuis un futur aux possibles déroutants
et aux misères bien pires que les leurs.


/Traduction de l'anglais Emmanuel Malherbet.
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Arrêt de bus
               James Fintan Lalor Avenue, Portlaoise


Le monde est plein de coins splendides,
mais pas celui-là. Il y a des décennies
c’était ici une allée d’arbres, une clôture,
des pâtures, dont je garde d’une promenade
matinale le souvenir vague ; le monde s’étalait
tout scintillant dans la lumière du matin.
Mais les temps changent ; le pays se plie
à nos désirs. Où le bétail rêvassait
ceux de la ville se retrouvent, font les courses,
et comme moi, là, restent plantés attendant
dans un abri de verre balayé de vent
que la roue du changement
les emporte au loin. On sera
un jour quelque part
où l’on n’est pas.
                Pourtant, la semaine
passée, j’attendais sur ce banc tale-fesses
quand un type tout près de moi a pris un appel.
« Sheila ? » Sa voix tremblotait
« Et alors ? » « Tu t’en es bien sortie ?
Oh doux Jésus ! Merci, mon Dieu ! »
Sans que je voie rien venir, il m’a enlacé
de ses bras, m’étreignant – ses doigts de vieux
frémissaient comme brins d’herbe, son visage contre le mien
– je le sens encore – humide comme la brume du matin.


/Traduction de l'anglais Emmanuel Malherbet.
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La vierge au carrefour
à Pilar Villar Argaiz


Pas si longtemps qu’à la campagne
on trouvait à des croisements comme ça
une statue de la Vierge. Petit sanctuaire
de cailloux et de fleurs, la Vierge
en rose, en bleu, en blanc, avec
à ses pieds parfois les coulures
d’une ou deux bougies votives. Mon père
ralentissait un peu au passage,
puis d’un coup se signait, déclarait
que c’était le moment de chanter
l’une ou l’autre version du mystère ;
on soupirait, on rechignait, mais on savait
qu’il était vain de résister.
Nous n’en avions pas fini
de l’interminable litanie
du Salut ô Reine Glorieuse
qu’il devenait plus gai, ayant pour sa part
à bout de bras repoussé
le futur impie. Et ce soir encore,
voyez-vous, nous rentrons ensemble,
prenant de nuit les lacets
de cette route de campagne –
après un virage la voici toujours là
dans la nuit d’hiver ; une gamine toute seule
qui attend le bus :
visage illuminé
dans la lumière d’un smartphone.


/Traduction de l'anglais Emmanuel Malherbet.
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-traditionnel_amergin

Un chant d’Amergin

Je suis le vent qui souffle sur la mer
je suis la vague de l’océan
je suis le murmure des flots
je suis le taureau aux sept combats
je suis le vautour sur les rochers
je suis une larme que verse le soleil
je suis la plus belle des plantes
je suis un sanglier pour le courage
je suis un saumon dans l’eau
je suis un lac dans la vallée
je suis un mot de science
je suis le fer de la lance au combat
je suis le dieu qui créa l’étincelle dans l’esprit.
De qui vient la lumière quand a lieu la rencontre sur la montagne ?
Qui détermine les différents cycles de la lune ?
Qui nous montre l’endroit où le soleil va s’étendre ?

[Irlande]

la tradition légendaire fait remonter ce texte à plus d’un millénaire avant J-C. IL est censé contenir les premiers vers jamais écrits en Irlande.
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Estuaire


« Il n’y aura bientôt plus le moindre oiseau. »
dit le vieil homme assis sur le banc
qui domine l’estuaire où une dizaine de courlis
ravaudent en rond un ourlet effiloché de soie bleue.
Ç’avait été un jour si calme, si tranquille.
Peut-être est-il mon visiteur mythique
venu porteur de terribles et sombres nouvelles.
Je suis à son côté. Ce qu’il a pu lire
le tourmente déjà, il en a l’encre
au bout des doigts. Nous parlons des heures
jusqu’à la marée gris argent du soir qui vient
glisser à nos pieds. Je rêve cette nuit
du dernier vol de courlis sur l’estuaire,
de traînées d’encre se diluant dans l’eau.
Je m’éveille, inspecte le pays de mes mains,
les voyant comme ferait un oiseau de mer ou un drone,
si faibles, si petites, si lointaines.


/Traduction de l'anglais Emmanuel Malherbet.
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Au cimetière



Une matinée si froide,
k sol si complètement gelé,
un gamin demande à sa mère
comment les fossoyeurs pourront
creuser un trou pour son ami. Elle
sourit, il y a tout autour
d'autres grandes personnes dans des voiles
de buée, les fumerolles
du soi, qui rappellent combien
tout cela est dépourvu de substance :
les grilles, les pierres tombales,
le cheminement dans la forêt des dates
vers cet endroit où le prêtre
psalmodie les mains levées
sous l'œil attentif d'enfants qui tremblent
et d'angelots rondouillards
en robes de pierre.


/traduit de l’anglais (Irlande) par Emmanuel Malherbet, bilingue,
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