Le fusant des hirondelles...
Le fusant des hirondelles
si ton cœur pouvait battre
à l'heure dite
au rythme rompu de leurs chasses
mais tu ne sais de l'heure
qu'une lecture désordonnée
même pas la clepsydre des truites
le cadran des rivières
arasé de soleil
Tu n'as qu'aux écluses du sang
trempé de sueur
un mouchoir à carreaux
retiré de ta poche
Ton front n'est qu'une ligne
dont il faudra
franchir le sel
ta nuque un brisant
de cassation
sans pourvois
Et pourtant
tu continues
Je parle sans mémoire (on entre dans la pierre)
d'un temps qui la précède (par les détours soyeux)
m'incarnent les parages (d'un vif éclat de lune)
du lieu qui reste à dire (sur le sable mouillé)
(...)
Dune aux linéaments (méridien désaxé)
griffonnés de buissons (de mes pôles accueillir)
l'oscillation du vide (à nouveau les tensions)
est courte entre les branches (telluriques de l'aube)
Corps III
( Craindre plus que l'épine
ce qui bat sous la bogue )
Ne garder de l'éclair
Que l'aubier de l'orage
Le hasard et la foudre
Affectionnent l'orgueil
Du mortier dérisoire
De tes architectures
Plus rien ne bouge tout grouille
remonte à la surface d'un monde
qu'on croyait immuable
Cercle Nord des forêts
dévalé de l'aber
septentrion déchu
clairsemé sur la vague
Dans les arbres palpitent
les gonds de lueurs closes
contre-chant de la stèle
réceptacle du jour
L'eau et l'algue partagent
d'incurver vers plus bas
où déviée la lumière
oeuvre à la transparence
Bleue l'aiguille des pins
l'odeur lente des pluies
interlignes sonores
d'un dialogue inaudible
À l'unisson des ailes
une rumeur de feuilles
après l'envol s'enterre
Je n'ai pas allumé le feu…
Je n'ai pas allumé le feu
sur lequel on m'accuse
d'avoir jeté de l'huile
Je n'ai tout simplement pas
l'amour universel
Je n'ai tendu la joue gauche qu'à mon père
s'il me frappait la droite
et je n'en suis pas mort
J'ai le droit dans ce pays
de dire ce que je pense
de ce pays
J'ai un devoir de réserve
et celui d'en sortir
pour l'avenir de mes enfants
Je suis la majorité silencieuse
étouffée sous le lacet des idées larges
d'un monde étriqué
où chacun va
son tribunal
La forêt des éclairs
aucune trace de son pas
dans la clairière
HAGAKURE du combat ordinaire
Un jour je vous tairai
comment la vie
est belle en nos bocages
Je vous tairai
car comme moi vous connaîtrez
par cœur tous les talus
Tous les arcs
à tailler
dans les feuillages
Toutes les flèches
Tous les noms de vos lignées
tous les chemins
de vos visages
Toutes les pentes
remontées douces
si l'ailleurs plat vous vient amer
Vous êtes pour toujours
mes enfants beaux
en territoire familier
Le règne que je vous laisse
je l'ai reçu
Régnez dessus
comme l'oiseau
/ (...)
Vous reviendrez-nous…
Vous reviendrez-nous ?
Avec votre vacarme de roseaux
Vanniers du souffle à dénouer la pierre
enfants terribles du culte
bagarreurs de gouren
à la fin des Pardons
piliers de buvette
aux nuques parcheminées de soleil
avec vos porte-monnaie
tout de cuir
et vos couteaux de pauvres
en fer inoxydable
Où êtes-vous ? Vous me manquez
terriblement