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Citation de Cielvariable


Excitation de savoir que je vais enfin enseigner
dans un cégep. Pas une charge complète de quatre
groupes, mais trois, ce qui est un départ tout à fait
respectable pour une première expérience au niveau
collégial. Bien sûr, être un ancien étudiant d’ici a
sûrement été un atout, mais je crois avoir passé
une bonne entrevue. Après avoir travaillé deux ans
au secondaire (deux années d’enfer ! D’ailleurs, je
n’ai même pas été capable de terminer la seconde…),
j’étais donc enthousiaste à l’idée d’enseigner enfin
la littérature, et non plus le subjonctif plus-queparfait.
Mais légère déception aussi en apprenant que je
donnerais le cours de littérature fantastique. Non
seulement je n’ai jamais rien lu de ce genre, mais
je n’ai vu que trois ou quatre films d’horreur dans
ma vie, plutôt mauvais en plus. Cela m’a rappelé
mon enfance, durant laquelle mes parents me tenaient
éloigné de toute lecture noire ou sanglante… Enfin,
une partie de mon enfance, puisque mes souvenirs
commencent à l’âge de neuf ans. Curieusement, je
ne me souviens à peu près de rien de ce qui s’est
passé avant cet âge pourtant avancé… Mon père et
ma mère sélectionnaient donc, avec une rigueur
extrême, les livres qui me tombaient sous la main
pour éliminer systématiquement tout ce qui traitait,
ne fût-ce que superficiellement, de violence et de
mort. Ce sévère contrôle s’est poursuivi jusqu’à
mes quatorze ou quinze ans, ce qui est tout à fait
excessif. Mais leur cure de pureté avait parfaitement
fonctionné : depuis, je ne me suis jamais
intéressé à ce genre de bouquins. Ce qui fait qu’aujourd’hui,
alors que je rêve d’enseigner Musset et
Zola, je suis sur le point de faire découvrir à des
jeunes des livres que je ne connais pas moi-même.
J’avais quatre jours pour réparer cette ignorance.
Mais je n’allais pas faire la fine bouche. Comme
Nicole (un autre professeur) me l’a dit ce matin :
«Étienne, tu as un pied dans la place, maintenant…»
Phrase pleine de belles promesses. Les romantiques
et les naturalistes pouvaient donc at tendre un peu…
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