AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de Charybde2


Sur la rive opposée, à environ cinq cents mètres en direction du nord, j’aperçus une tente derrière laquelle nous observait un visage barbu et d’une extrême saleté. Je levai la main pour le saluer, et le visage disparut d’un coup. « Je crois que nous avons là un prospecteur en chair et en os, dis-je.
– C’est plutôt éloigné de tout, comme emplacement, tu ne crois pas ?
– On dirait. Allons lui rendre visite pour voir si ses affaires sont bonnes. »
Charlie rejeta le sable dans l’eau. « Il n’y a rien dans ce cours d’eau, mon frère.
– Mais tu n’as pas envie de savoir ?
– Si tu veux aller le voir, tu n’as qu’à y aller tandis que je fais ma toilette. Mais je ne peux pas perdre mon temps avec chaque curiosité. »
Il s’enfonça dans la forêt tandis que je remontais le courant à cheval tout en m’annonçant à la cantonade, mais le barbu ne donna aucun signe de vie. Je remarquai une paire de bottes devant sa tente, et un petit feu de camp ; une selle était posée par terre, mais il n’y avait pas de cheval en vue. J’appelai à nouveau, sans résultat. L’homme s’était-il enfui pieds nus dans les bois plutôt que de faire part à autrui de ses richesses ? Mais non, d’après le triste état du camp, je compris que le prospecteur n’avait pas encore goûté à la réussite. C’était un homme avide d’or mais trop couard pour se confronter à ce nid de vipères qu’était la Californie. Il ne trouverait rien, il mourrait de fin, il délirerait avant de trépasser : je me figurai son cadavre dénudé, picoré par les corneilles. « L’un de ces froids matins », me dis-je.
Commenter  J’apprécie          70





Ont apprécié cette citation (6)voir plus




{* *}