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Citations de Patrick deWitt (123)


Tu as demandé à Raymond ce qu’il faisait dans la vie et il a répondu, “Je respire et je marche et quand on me dit de m’asseoir je m’assieds et quand on me dit de partir je m’en vais et je rentre chez moi pour me délecter à la pensée que je les hais tous.” Il laisse entendre qu’il y a un rapport entre son travail quotidien et ses dessins, ce qui a incité certains à croire qu’il serait une sorte d’architecte, mais tu doutes qu’il puisse trouver la moindre place, même au sein du plus incompétent des cabinets.
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Une seconde de silence, et l’attention de Lucy dériva pour s’intéresser à la montagne surplombant le château. Au début, il se contenta d’admirer le spectacle, puis il s’aperçut qu’une espèce d’activité humaine animait la neige : des corps allaient et venaient, des nuages de fumée flottaient dans l’air. “Il y a des gens là-bas, remarqua-t-il.
— Oui, approuva Memel.
— Qu’est-ce qu’ils font ?
— Ils perdent leur temps.
— À quoi faire ?
— Ils jouent à un jeu idiot.
— Et quel est le but de ce jeu ?
— De tuer sans se faire tuer.
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Tout ce que vous obtiendrez de moi, c’est la Mort. Charlie prononça ces mots tout naturellement comme s’il parlait de la pluie et du beau temps ; un frisson parcourut ma nuque, et mon pouls s’accéléra. Il est merveilleux dans de telles situations, il garde son sang-froid et ne manifeste pas l’ombre d’une crainte. Il avait toujours été comme ça, et même si je l’avais vu à l’œuvre à de nombreuses reprises, j’étais néanmoins chaque fois rempli d’une admiration intacte.
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Pour moi, la chance était quelque chose que l’on méritait ou que l’on se créait grâce à sa force de caractère. Seule l’honnêteté pouvait mener à elle ;on ne la trouvait pas par la ruse ou le bluff, en louvoyant ou en trichant.
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“ Chaque cœur a un son qui lui est propre, dit-elle à Charlie, comme c’est le cas pour les cloches. Le son du votre est très pénible à entendre, jeune homme. Il malmène mes oreilles, et mes yeux souffrent quand je vous regarde ”.
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Tu tires la chasse d’eau et tu contemples ton vomi comme un train au départ. Ton estomac est vide, tu ne vomiras sans doute plus aujourd’hui et tu décides de prendre cinq aspirines, lesquelles, ajoutées aux six que tu as prises hier soir, font un total de onze cachets en huit heures, ce qui, selon la notice, les médecins, les copines et les femmes du monde entier, est très mauvais pour la santé. Mais tu as pris cette habitude depuis si longtemps que tu n’oses pas t’arrêter maintenant, et tu frissonnes à l’idée de ce que seraient tes gueules de bois sans aspirine.
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Chaque matin tu te réveilles en te demandant à quel point tu vas avoir la gueule de bois. Tu es à moitié endormi ou à moitié saoul ou les deux et de prime abord tu n’arrives pas à évaluer ta propre souffrance et tu lèves la main et te demandes, comment cette main se sent-elle ? Et le bras, et l’épaule, et la poitrine, et le torse ? Tes jambes sont-elles endolories ou fatiguées ? Sur une échelle de un à dix (un correspondant à une pichenette du doigt sur ta tête, dix, à la mort), quelle est l’intensité de ta douleur du niveau de la nuque jusqu’au sommet du crâne ? Tu clignes des yeux pour tester leur sensibilité à la lumière, tends le cou pour faire craquer tes cervicales et la pesanteur comprime ton cerveau gonflé et déshydraté et tu t’auscultes le corps à la recherche de douleur ou de sensibilité. Tu es ton propre médecin, attentionné mais déconnecté au bout du compte.
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Assis devant la cuvette, je sortis ma brosse à dents et ma poudre et Charlie, qui n’avait pas vu mon attirail jusqu’alors, me demanda ce que je fabriquais. Je lui expliquai, et lui fit une démonstration, après quoi j’inspirai profondément : « C’est très rafraîchissant pour la bouche », lui dis-je.
Charlie réfléchit. « Je n’aime pas ça, rétorqua-t-il. Je trouve ça idiot.
- Pense ce que tu veux. Notre docteur Watts m’a dit que mes dents ne se gâteront jamais si j’utilise cette brosse comme il faut. »
Charlie demeura sceptique. Il me dit que j’avais l’air d’une bête enragée avec ma bouche pleine de mousse. Je répliquai que je préférais avoir l’air d’une bête enragée quelques minutes par jour plutôt que d’avoir une haleine fétide toute ma vie, ce qui marqua la fin de notre conversation sur la brosse à dents.
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Autant j'aspirais à la vie tranquille de commerçant, autant Charlie souhaitait continuer à vivre entre passions et violence perpétuelles mais sans plus s'engager personnellement, donnant ses instructions à l'abri d'un rideau de sbires bien armés tandis qu'il se prélasserait dans des chambres au doux parfum où des femmes bien en chair lui verseraient à boire et ramperaient par terre pareilles à d'hystériques nourrissons, le derrière à l'air, frissonnantes de rires, d'eau-de-vie, et de fourberies.
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Tu es souvent en train de boire ou ivre mais depuis quelques temps tu consommes plus de bière que de whisky. Tu es décidé à porter assistance à ton foie, à éliminer les rougeurs sur ton visage et ton cou, et à apaiser ta femme. Pendant un temps tes efforts portent leurs fruits : tu te sens plus robuste, une énergie nouvelle illumine tes yeux et anime tes membres et tu recouvres sommeil et appétit, mais la bière fait grossir et tu prends cinq kilos ; le surpoids se pose comme un chat sur l'estomac, altérant ta svelte silhouette. Lorsqu'un comique de l'happy hour te demande pour quand est le bébé, ta vanité est blessée et c'est donc avec soulagement et enthousiasme que tu retournes au whisky, sauf qu'entre-temps ton seuil de tolérance a baissé, et le whisky te rend malade et au bout d'une semaine tout a un goût de lait. Le whisky lui-même a un goût de lait, le coca a un goût de lait, tout ce que tu manges ou bois te laisse un goût de lait en bouche. Ce n'est pas la première fois que ça t'arrive et tu n'es pas inquiet, tu y vois seulement le signe que tu en es au stade où ton corps a divorcé de ton esprit. L'esprit est le maître, l'endroit où naissent les appétits ; le corps est le domestique. L'esprit s'étant révélé un dirigeant incompétent, le corps prend des mesures pour se protéger de lui. Pour des raisons que tu ne comprends pas et n'as pas envie de comprendre, tes papilles gustatives en ont été affectées.
Tandis que s'opposent en toi les forces du corps et de l'esprit, tu te réconfortes en pensant qu'après tout, tu aimes bien le goût du lait et l'as toujours aimé, depuis l'époque où tu étais un petit bébé grassouillet.
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Je repensai au prospecteur perclus de tics, au prospecteur au poulet, et au prospecteur mort, au crâne défoncé, et dis, " J'ai l'impression que la solitude des grands espaces n'est guère propice à la santé. "
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Le bar s’est rempli et la jolie barmaid n’a guère le temps de discuter, mais après ton cinquième verre elle sait que tu as menti en disant n’avoir jamais touché au whisky, et dès qu’elle a un moment elle revient vers toi, les bras croisés sur la poitrine et l’air faussement consternée, et tu lèves la main en signe de repentance et tu lui proposes de lui payer un verre pour faire la paix, mais elle dit qu’elle ne peut pas boire pendant son service, et désigne du doigt une vieille caméra fixée au plafond au-dessus de sa tête. Tu lui demandes alors à quelle heure elle finit, elle te dit six heures, et tu lui fais part du plan que tu viens d’élaborer, et qui est le suivant : tu vas retourner à ton hôtel pour prendre un bain et te faire beau, et à la fin de son service tu reviendras, et si elle veut bien vous partirez bras dessus, bras dessous au rodéo, où vous pousserez des cris à la vue des clowns déprimants et pas comiques, des taureaux torturés et fous de haine et des pitoyables losers artisans du lasso, et vous boirez sans crainte des caméras hors service ou qui n’ont à coup sûr pas de film dedans, et puis, verre après verre, vous pourrez continuer tranquilles, seuls dans une chambre quelque part sans personne pour vous interrompre avec les mensonges de sa vie et autres haleines fétides ou chaussures de lutin bizarres, et puis après, et après… ta phrase reste en suspens et la jolie barmaid sourit timidement, t’apporte un autre whisky, se sert une eau gazeuse et vous trinquez, et vous buvez.
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Il te jette un torchon au visage et t’indique le chemin des toilettes. « Nettoie tout ça », ordonne-t-il. Il est furieux mais tu ne tentes ni de t’excuser ni de manifester le moindre repentir ; contournant la queue, tu pénètres dans les toilettes pour hommes où tu trouves un gros tas d’excréments déposé sur la lunette des cabinets. Bien qu’il s’agisse là de ce que tu redoutes le plus dans ton travail, tu ne soupires même pas mais te saisis d’une poignée de serviettes en papier et, retenant ton souffle, ramasse le tas afin de le déposer doucement dans la cuvette bouchée et sur le point de déborder, mais il est trop lourd et tu le laisses tomber dans l’eau sale. Des éclaboussures jaillissent en te mouillant les cuisses, tu inhales l’odeur et tu vomis instantanément comme un extincteur, sur la lunette, la chasse d’eau et une partie du sol. Simon est debout derrière toi. « Faudra que tu nettoie la gerbe aussi, mon pote, dit-il. C’est comme ça. »
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Charlie dit, « J’ai payé vingt-cinq dollars pour une fille à Mayfield. »
L’homme rétorqua, « Vous payerez la même somme ici pour vous asseoir au bar avec elle. Pour coucher avec, il faudra lâcher un minimum de cent dollars.
- Qui paierait une telle somme ? demandai-je.
- On fait la queue ici pour la payer. Les putains travaillent quinze heures d’affilée, et il parait qu’elles gagnent des milliers de dollars par jour. Vous devez comprendre, messieurs, qu’économiser son argent et le dépenser à bon escient sont deux traditions qui ont disparu ici.
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Charlie dormait sur le dos, les yeux grands ouverts. Son pénis en érection se dressait sous son pantalon, ce que je pris pour un signe de bonne santé, même si je fis semblant de ne rien voir. Je pensai, Qui sait sous quelle forme nous adviennent les bons présages ?
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Ta femme pénètre dans la chambre et tu te redresses dans le lit pour la saluer, et ce mouvement soudain révèle une gueule de bois spectaculaire et des douleurs considérables. Ton corps vibre et ton sang donne l’impression de couler à contre-courant et tu l’entends qui bouillonne et tu essaies de décrire intérieurement le son qu’il fait : un jouet à moteur submergé dans l’eau. Les hélices d’un avion qui vrombissent dans le ciel. L’avion est caché dans les nuages. Il est à une vingtaine de kilomètres de là.Ta femme plie et déplie les draps. Elle te demande comment tu te sens et tu prononces le mot super. Elle te dit que tu avais l’air saoul la veille, que tu chantais, et tu lui dis que tu n’étais pas saoul, mais joyeux. Elle t’a entendu tomber dans la salle de bains, ajoute-t-elle, et tu prétends avoir glissé sur une chaussette. Ce n’était pas une chaussette à toi mais à elle et tu aurais pu perdre connaissance. Te tuer. Ta femme ne trouve rien à répondre, elle soupire…
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« Tu sais combien ça fait cent dollars ? », demanda-t-il. Je lui dis que non et il déclara, « Cent dollars. »
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Le videur réapparait avec l’argent – sans dire comment il l’a obtenu, même s’il va de soi qu’il n’a pas tapé dans ses propres économies -, et les prostituées se mettent côte à côte à quatre pattes. Pendant que certains les pénètrent par derrière, elles font des fellations à d’autres, et tu observes la scène comme si tu contemplais à la télévision une sanglante intervention chirurgicale. Tout le monde est sous cocaïne et incapable d’éjaculer et les prostituées n’arrivent pas à en placer une et se font labourer comme des chevaux de trait. Un léger contretemps survient lorsque Curtis, sans en demander au préalable la permission, se met à sodomiser l’une des prostituées ; il se fait réprimander et renvoyer en bout de file d’attente pour changer son préservatif. Il a toujours ses lunettes de soleil et ses mocassins, tu lui dis que tu adores ses éperons et il te remercie tout en se masturbant avec apathie.
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Tu te souviens de mon premier fusil ? Celui que Père appelait ma sarbacane ? Il a arrêté de s’en moquer quand j’ai commencé à lui tirer dessus avec. » Charlie s’interrompit. « J’ai tiré deux fois, une balle dans le bras et une autre dans la poitrine, et c’est alors qu’il est tombé par terre. Il est resté là, allongé, à me cracher dessus, encore et encore… à cracher et à jurer et à me haïr. Je n’ai jamais vu une telle haine de ma vie, ni avant ni depuis. Notre père, étendu là, qui toussait un sang épais et le me crachais à la figure.
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Tu les rejoins juste à temps pour trinquer avec eux mais, tandis que toi tu bois de l’or blond – du Jameson -, ils ont dans leur verre un liquide qui a l’apparence et l’odeur d’une vulgaire essence. Tandis qu’ils avalent leurs whiskys tu observes leurs gorges frémissantes et tu constates que leurs corps aimeraient rejeter l’immonde liquide mais ils s’efforcent de faire descendre l’alcool dans leurs estomacs et se regardent l’un l’autre en haussant les épaules.
« C’est mauvais, mais pas tant que ça, dit l’enfant-star.
- C’est mauvais mais j’ai connu pire », renchérit Curtis.
Tu vides ton Jameson que ton organisme accueille comme il le ferait d’un rayon de soleil.
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