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Nationalité : Bénin
Biographie :

Paul G. Aclinou est né au Bénin, alors le Dahomey. Il passe quelques quatre années à Dakar (Sénégal) avant de rejoindre la France où il soutient un doctorat d'État en Sciences Physiques, mention chimie tout en poursuivant une activité d'enseignement. Il séjourne huit ans en Algérie (au titre de la coopération) où il enseigne la chimie et les méthodes physiques d'analyse ; il y crée également un laboratoire de recherche sur les substances médicinales d'origine végétale ; travaux qui sont associés à l'ethnopharmacologie. Il regagne la France pour poursuivre ses activités d'enseignant et de chercheur comme maître de conférences. Ses activités professionnelles sont conduites en parallèle à une réflexion sur l'Homme et la société ; laquelle a pour point de départ la culture et la pensée des peuples du golfe du Bénin, culture qu'il invite à découvrir en profondeur sur plusieurs sites Internet.
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Source : http://www.hommes-et-faits.com
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
LE BOUC DU ROI.
… Il est question d’un pays, un pays quelque part… autant dire que nous sommes dans l’universalité pour le problème abordé ici aussi. Le roi du pays, certains disent que c’est le roi Mêtolofi, envoie un jour son héraut parcourir les chaumières de son royaume pour convier ses sujets ; tous doivent se rendre au pied du grand baobab, celui sous lequel se tient le monarque entouré de sa cour face à ses sujets chaque fois que les affaires du pays nécessitent une discussion et l’information du peuple ; chaque fois qu’une colère doit être partagée pour s’apaiser ; chaque fois que les peurs, la crainte des souffrances à venir exigent la présence de tous pour le réconfort de chacun.
L’assemblée se tint un jour de marché après que chacun eut fini de traiter ses affaires ; le roi le voulait ainsi, avant que ne disparaisse le soleil et que ne tombât la nuit. Mêtolofi parcourut du regard la foule silencieuse qui se tenait devant lui. D’un mouvement lent de la tête, le regard alla de droite à gauche ; puis, la tête revint en sens inverse et alla le plus loin possible à droite... Quelques personnes dans l’assemblée crurent déceler un léger sourire sur le visage du monarque, tous notèrent que le roi avait la mine réjouie. A ses pieds, il y avait un bouc debout sur ses pattes, un grand bouc blanc… trop grand, selon certains pour sa nature. Aucune corde n’entravait l’animal, on aurait dit que la bête était chez elle… dans son élément… entourée des siens. Comme le roi, l’animal regardait la foule, de droite à gauche, puis, de gauche à droite... Les courtisans s’en tenaient à distance respectable, mais pas trop loin, afin que le monarque ne pensât qu’ils s’éloignaient de lui, leur maître. Mêtolofi jeta un regard au bouc impassible… il leva ensuite la tête pour haranguer la foule : "Vous êtes mon peuple ! Vous êtes mon bien ! Vos chaumières et vos maisons sont à moi… comme chacune de vos personnes ! Vos pensées, vos paroles et vos actions m’appartiennent également… Quand elles sont bonnes et me sont agréables, je me réjouis ; parfois, je vous en récompense… Aujourd’hui, je vais aller plus loin… plus loin dans la possession de mon bien… plus loin dans le contrôle de mes gens… plus loin pour tout savoir de vos pensées, de vos paroles et de vos actes. Pour cela, voici mon bouc ! Ce n’est pas n’importe quel bouc… non ! Le mien peut entendre des choses qu’aucun d’entre vous ne peut entendre. Il peut voir aussi bien de jour que de nuit ; voir des choses qu’aucun de vous ne peut percevoir, mon bouc le peut ! Par lui, je saurai tout sur vous ! Je connaîtrai toutes vos pensées et toutes vos actions, tout ce que vous direz et tout ce que vous ferez… de jour comme de nuit ; chez vous ou en dehors de chez vous, que vous soyez en voyage, que vous soyez seul ou que vous soyez entre vous. Je saurai qui sont vos amis et qui sont vos ennemis… Plus rien sur vous tous ne pourra plus m’échapper ; rien… grâce à mon bouc ! »
« Ah oui ? » cria quelqu’un dans la foule. « Tout à fait ! » lui rétorqua, très sûr de lui, le monarque qui l’avait entendu sans le voir. L’homme s’en alla en maugréant : « Moi Lêgba, je saurai faire ce que je veux, s’il me plaît, sans que ton bouc ne le sache ! » Chacun regagna sa demeure, pensif, inquiet ; quelques-uns ruminaient une colère sourde, une colère impossible à laisser éclater.
Lêgba qui assistait à l'assemblée alla trouver Fa ; comme à son habitude, le dieu des croisements [dieu de l’intelligence et de la réflexion] était dans un état d’excitation extrême ; comme à son habitude à lui aussi, Fa [dieu de l’art divinatoire] était d’un calme olympien ; il dit simplement :
« Je t’attendais ! »
« Ah oui ! Parce que tu n’as pas écouté comme moi ? Tu n’as pas entendu le roi Mêtolofi parler de son bouc ? Tu m’attendais pour dire ton indignation… »
« A quoi bon, tu le fais si bien ! » répliqua Fa drapé dans sa sérénité.
« J’ignore si je le fais bien, mais je le fais… et je le ferai encore et toujours ! Je le ferai tant qu’on n’aura pas compris… »
« Je sais... Dis-moi, et si Mêtolofi était honnête… »
« Non, ça n’a rien à voir ! Personne ne peut être honnête pour tout, en tout, en tout temps et en tout lieu… non, personne ! Non, car l’homme doit exister par lui-même et non par l’honnêteté des autres. L’homme doit exister par lui-même et non par ce que, qui que ce soit d’autre veut bien lui concéder… Il est inacceptable que quelque part sur cette terre, il y ait quelqu’un qui puisse tout savoir des autres humains. Il est inacceptable que dans un pays, il y ait quelqu’un, fût-il le roi, qui sache tout, absolument tout, des habitants de ce pays. C’est inacceptable, et moi, Lêgba, je ferai tout pour qu’il n’en soit jamais ainsi... Jamais ! En effet, accepter cela et laisser faire serait ouvrir la voie à la sclérose de la pensée, cette extraordinaire boîte à outils que les hommes et nous avons construite pas à pas, millénaire après millénaire, souffrance après souffrance, interrogation après interrogation… Cette boîte à outils fruit de notre intelligence, cette boîte à outils fruit de nos questionnements ne peut vivre, prospérer et nourrir l’homme pour en faire l’homme que si elle demeure constamment en mouvement, que si elle se renouvelle indéfiniment, et cela, seul l’homme qui est libre de penser, libre de choisir, peut le garantir. Accepter le bouc, ce serait admettre que l’homme n’est rien d’autre qu’un objet, un poids mort, un être dépersonnalisé, sans âme… ce serait nier tout son parcours depuis les balbutiements au sortir du Commencement jusqu’à aujourd’hui ; pire : cela met en danger son devenir ; cela met en péril sa marche vers l’homme, celui qui doit être ! Il faut que chacun sache qu’il n’y a de pensée que libre ! Alors, non ! Il faut absolument qu’il n’en soit jamais ainsi ! Donc le bouc… »
« Alors, fais un sacrifice ! »
« Quel sacrifice exiges-tu ? »
« Je vais fouiller Fa pour toi. »
Ce qui fut fait aussitôt ; le dieu trouva le signe Di Guda.





Di Guda

Fa demande à Lêgba d’aller acheter du tissu, c’est une partie du sacrifice. Il faut qu’il se procure quatre pièces de tissu, une de couleur rouge, une autre de couleur blanche, une troisième de couleur bleue et enfin, une quatrième de couleur noire. Lêgba doit modeler également quatre têtes en argile, chacune coiffée d’un chapeau fait dans un morceau des tissus qu’il a achetés, chaque effigie a ainsi sa couleur de coiffe ; c’est la seconde partie du sacrifice. Les quatre têtes affublées chacune d’un des couvre-chefs doivent être enterrées par le dieu aux quatre points cardinaux. Fa demande en outre à Lêgba d’apporter une mesure d’alcool et une mesure d’eau.
« Ce sera fait ! » répondit Lêgba sur un ton de défi puis il s’éclipsa.
Dans le pays, les hommes et les femmes voyaient passer parfois le bouc blanc sur les marchés, dans les villages, et même en pleine campagne… la bête déambulait sans se presser, sans craindre le voisinage comme s’il n’existait pas… sans craindre la colère des hommes qui se savaient surveillés... A son approche, le silence s’installait au sein des attroupements, la gêne aussi ; quelques personnes fuyaient même et allaient chercher refuge derrière un arbre ou une case tout en épiant l’animal d’un œil inquiet.
Lêgba fit ses emplettes, il revint les apporter à Fa après s’être acquitté de sa part de rituel : confectionner puis enterrer les effigies aux quatre points cardinaux. Le dieu lui donna rendez-vous au prochain jour de marché. « Dans trois jours donc ! » s’assura Lêgba ; Fa confirma d’un mouvement de tête.
Au jour convenu, tôt le matin, Lêgba se présente au domicile de Fa, dit la légende ; celui-ci lui montre un couvre-chef qui était posé sur une table, il est réalisé avec les morceaux restants des quatre calicots que le dieu des croisements avait fournis. Le chapeau comporte quatre côtés, façonnés chacun avec l’un des morceaux de tissu, il a donc quatre couleurs, mais un observateur n’en voit qu’une à la fois, celle de son point de vue sur le porteur : blanche, rouge, noire ou bleue, selon sa position. Affublé de son couvre-chef multicolore, Lêgba se met en route pour le marché, non sans avoir versé auparavant, selon le rituel, quelques gouttes d’eau, puis d’alcool sur le sol en quittant la demeure de Fa ; « ceci est fait pour la paix de l’âme de ceux qui vont périr aujourd'hui ! » dit-il en sortant.
En approchant du marché, Lêgba note qu’il y a foule et qu’elle est aussi bruyante que les semaines passées, les hommes et les femmes sont aussi épanouis qu’avant l'entrée en scène du bouc ; il se dit alors que la présence de la bête dans le pays n’a pas inhibé la jovialité et l’enthousiasme du peuple ; cela lui fait plaisir. Sa joie est cependant de courte durée, car, il remarque la présence de l’animal par lequel le roi veut s’assurer la docilité des habitants. La bête déambule, insouciante en apparence, jetant un regard par-ci et un regard par-là. Le bouc voit approcher un homme qui porte un chapeau noir ; de dos, quand l’homme le dépasse, il le voit avec un chapeau blanc ; le dieu tourne à gauche dans une allée puis s’arrête devant un étal comme un client ordinaire, Lêgba apparaît à l’animal comme une personne qui porte un couvre-chef rouge, et quand le dieu change à nouveau de direction pour s’adresser, en allant à droite, à un autre marchand, le bouc voit un homme portant un couvre-chef bleu. L’animal en conclut qu’il vient de voir quatre personnes occupées à leurs emplettes ; il poursuit son chemin et ses inspections. De loin, Lêgba aperçoit la première épouse du roi, elle quittait le marché, il la rattrape en quelques enjambées et lui tranche la tête d’un seul coup de machette ; plusieurs personnes ont vu la scène, le bouc aussi ; aussitôt, l’animal va annoncer à Mêtolofi l’assassinat de sa première épouse, il ajoute que le crime est le fait d’un homme qui porte un chapeau blanc. Le roi envoie sa police sur le marché sous la direction de son principal ministre, cette petite troupe
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Au terme de ces huit jours, il devient évident que nombre des aspects de ce corpus sont faits pour notre temps ; nombre de ses aspects constituent une invitation à la réflexion qui est destinée par les bâtisseurs du vodoun, mode d’existence, à notre époque ; nous allons donc nous y arrêter également.
J’ai fini d’écrire ce livre au mois d’octobre de…
L’an ‭5 780‬ (pour les Hébreux) ; ‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬
L’an ‭5 122‬ (pour les hindouistes) ; ‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬
L’an ‭2 563‬ (pour les bouddhistes) ; ‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬&
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L'officier reprend la parole pour ramener Bergier au problème de l'heure ; il lui dit :
— Nous y reviendrons sans doute. Pour l'instant, notre propos se borne à comprendre un drame, un crime peut-être... Vous avez dit qu'il faut laisser quelque chose au hasard, sinon le hasard se servira là où nous ne l'attendions pas. Vous avez peut-être raison, mais nous, nous ne pouvons pas nous permettre ce tri, nous ne pouvons rien laisser dans l'ombre...
— Finalement, votre problème n'est pas simple. Vous cherchez un coupable impossible. Vous lui reprochez trois meurtres, il faut qu'il ait un mobile pour chacune des victimes. Il faut qu'il ait perpétré son forfait sur les trois personnes réunies au même endroit et au même moment ; qu'il l’ait fait avec la même arme, ici le cyanure...
— Disons deux meurtres prémédités, car on peut raisonnablement considérer la mort de la femme de service comme un accident. Elle fut peut-être simplement un témoin gênant qu'il a fallu éliminer. Pour vos deux collaborateurs, leur seul point commun était leur appartenance à votre équipe. Quand on y réfléchit, cela nous laisse deux ou trois coupables possibles ; nos investigations conduisent à deux ou trois noms, pas d'avantage pour l'instant.
— Dont le mien ?
— Oui, mais ne vous vexez pas ; c'est la routine, monsieur le professeur !
— Non, bien entendu, il faut bien commencer par formuler une hypothèse de départ…
— Je retrouve là le scientifique !
— Comment analysez-vous la situation dans cette hypothèse ?
— Nous pouvons par exemple considérer deux cas :
…Premier cas : On tue Dudos, et on élimine madame Vasset et monsieur Lapierre qui sont des témoins gênants. Qui seraient alors le ou les assassins ?
Bergier enchaîne sur le propos de l’officier ; il dit :
— Deuxième cas : On tue Lapierre, et on élimine madame Vasset et monsieur Dudos qui sont alors des témoins gênants. Quels seraient le ou les coupables ?
— Dans chacune de ces situations, on ne retrouve plus que deux coupables possibles. Mais, une seule personne figure dans les deux cas, associée à un deuxième nom, différent chaque fois. On peut vous faire figurer dans les deux configurations.
— Vous excluez le cas de l'assassin éventuel qui aurait voulu éliminer Dudos et Lapierre ?
— On peut l'exclure en effet, car nous ne trouvons aucune convergence de mobile dans ce sens, sauf si vous, professeur Bergier, vous étiez l'éventuel coupable.
— Je suis bien placé dans vos investigations...
— Ce n'est qu'une hypothèse, souvenez-vous !
Bergier a un moment d'hésitation ; il ne sait trop que penser des théories du policier. Le sentiment qu'il puisse figurer sur une liste de suspect ne l'avait pas effleuré jusque-là ; il n'a pas pris au sérieux dans un premier temps, les propos de l'officier ni ses supputations. Tout à coup, il s'aperçoit que la police effectue en fait une manœuvre d'approche. Rapidement, il fouille dans sa mémoire, il y cherche ce qui peut pousser les deux officiers à le considérer comme un suspect possible ; il ne trouve rien dans ses propos des jours précédents qui puisse fonder une telle analyse. Il choisit alors de poser la question.
— Hypothèse qui reposerait sur...
— Vos fonctions.
— Je ne vois pas.
— Vous êtes professeur ! Et certains de vos collaborateurs également, madame Nivoy, messieurs Cardiot, Dudos et Lapierre !
— C'est exact !
— Mais vous êtes aussi le directeur de votre unité de recherche n’est-ce-pas ?
— Oui…
— Dans le premier de ces rôles, il s'agit d'une nomination : sur titres, par concours, sur dossier ?
— C'est juste, c'est une cooptation qui obéit à des règles fixées par l’État ; cette procédure est générale, elle s'est appliquée à toutes les personnes que vous avez citées.
— Dans votre seconde fonction, pour diriger l'unité de recherche, il faut être élu par ses pairs, n'est-ce pas ? C'est également une cooptation, mais qui reste circonscrite à votre équipe. Combien de personnes dans votre laboratoire peuvent prétendre à cette fonction dans ces conditions au prochain renouvellement ?
— Tous ceux que vous avez nommés tout à l'heure peuvent y prétendre ; ils en ont la compétence.
— En particulier Dudos et Lapierre ?
— Oui...
— Vous en avez discuté dans l’équipe ? Ces élections doivent se tenir dans quelques mois, c'est exact ?
— Oui, c'est exact ; nous en avons discuté. Chaque directeur d'unité de recherche peut exercer cette charge pendant quinze ans, par fraction de cinq années renouvelables...
— Vous êtes dans votre dixième année, et vous souhaitez poursuivre pour cinq ans encore, si vos collègues de l'équipe vous renouvellent leur confiance...
— Je crois pouvoir y compter.
— Je n'en doute pas, mais si d'autres ambitions se faisaient jour ? Lapierre et Dudos par exemples ? Après tout, ils étaient ambitieux et travaillaient pour assouvir leurs ambitions…
— Vous êtes au courant de tout.
— C'est un peu notre rôle...
— J'ai discuté avec Lapierre et avec Dudos à ce sujet… Il est exact que l'un, aussi bien que l'autre, était prêts à prendre la relève, SI JE NE SOUHAITAIS PAS ALLER AU TERME DES QUINZE ANNEES !
— Mais vous le souhaitez ! Se sont-ils effacés alors devant votre candidature ?
— Écoutez, ce n'est pas sérieux ! La discussion entre nous n'a jamais été conflictuelle. Ni Dudos, ni Lapierre n'avait de raison personnelle de s'opposer à mon élection. De toute façon, ce serait insuffisant pour tuer qui que ce soit !
— Qui sait ? Si le problème a été posé à tous les chercheurs. Si la discussion est parvenue à la connaissance de l'ensemble du personnel, qui sont les électeurs par ailleurs ; puisque nous en sommes informés, c'est qu'elle a atteint une certaine profondeur ; c'est qu'elle a connu une certaine acuité, elle a connu un certain niveau d'intensité. L'attrait du pouvoir n'est pas dérisoire pour tout le monde ; vous ne croyez pas ?
Bergier choisit de prendre du recul ; il dit avec calme :
— Vous savez, à dix-huit ans, on est téméraire ; à quarante, on a très peur ; à cinquante - cinq, on sourit ! Si je ne suis pas élu, je passerai la direction à un autre, c'est tout !
— Sans regrets ?
— Sans regrets. Si le rôle d'Alexandre m'échappe, il restera celui de Diogène !
— Ce ne serait pas si mal non plus, en effet !
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Notons dès à présent que les relations qui s’instaurent entre Mawu et les hommes sont basées sur ce que les fondateurs du système ont été amenés à affirmer ; il s’agit de deux choses essentielles sur l’Être-Suprême, ainsi qu’une supplique.
Ce sont :
1° - N’arrive à l’existence que ce que Mawu a créé.
2° - Tout ce que Mawu a créé est bon.
Quant à l’homme, il est au niveau de ce qui est en cours d’arriver à l’existence. À ces deux points s’ajoute une supplique :
3° - ODU (lire odou) qui est la contraction d’une supplique en langue yoruba que nous traduisons par : "Inconnaissable, sauvez-nous !"

L’absence de célébration de culte avec un rituel - l’expression de la foi donc - pour Mawu, amène à se poser la question de savoir s’il faut considérer le vodoun comme une religion, même si les croyances sont omniprésentes en son sein et entrainent la mise en œuvre de rituels ; nous y reviendrons également. Commençons par examiner de plus près les relations entre homme et vodoun, type d’être.
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Paul Aclinou
En effet pour le vodoun, c’est toujours l’an 1, car chaque jour est le début d’une nouvelle année, d’un nouveau siècle ; chaque jour est le début d’un nouveau millénaire, d’une nouvelle Humanité… toujours espérée, toujours en devenir, toujours en marche… dans un champ d’Espérance vers… l’Homme… mais une humanité cernée ; cernée par les dogmatismes et par la prédation ; cernée surtout par le refus absolu de la laisser sortir de l’animalité, quoi que beaucoup en disent… depuis des millénaires.
Fort heureusement, c’est une marche que nul ne peut interrompre ; voilà pourquoi, aussi loin que remonte la mémoire, l’Homme a toujours fini par balayer inexorablement tous ceux qui pensaient lui barrer la route, l’instrumentaliser, l’asservir… l’homme a toujours rejeté tous ceux qui prétendaient lui dicter leurs lois, fût-ce au nom de quelque divinité que ce soit… toujours !
Mais, le prix qu’il a payé, et continue de payer, est élevé ; il est exorbitant même… Ce que veut dire ce livre, c’est que selon le vodoun, rien ne l’arrêtera… quel qu’en soit le coût ! Ou alors…
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