On dort sur place, tout habillé,sur une toile, et sur nous, une couverture, on gèle. Soixante degrés dans la journée, trente-cinq ou quarante dans l'oasis,la nuit, vingt-cinq degrés de moins, toute la différence est là.
Quand je vois tous ces gradés qui nous font marcher à la cravache, ça ne me donne pas envie de passer pour un salaud, même si parmi eux il y en a de braves. Je refuse. Et je prends "trente dont quinze". Et la pelote. Je ferai cent dix-huit jours de prison en six mois de service.
La pelote: un sac de quarante kilos de sable et de caillasse, pieds joints, genoux joints, debout, accroupi, debout, accroupi, et toujours au sifflet, essayez un peu!
Je continue à lire, beaucoup. Pour économiser le pétrole qui coûte cher et se raréfie, j'ai récupéré à l'église tous les fonds de bougies. J'ai fabriqué un moule en bois et je me façonne des loupiotes. Le soir, à leur petite lueur, dans mon lit, je lis Alexandre Dumas, Michel Zévaco, Eugène Sue, Paul Féval, Victor Hugo, les Pardaillan en douze ou quinze volumes- je ne me souviens plus bien- je les dévore. J'ai un appétit de lecture qui ne s'assouvit jamais.