Je me suis rendu compte dans la cour de récré qu’il est plus dur de raconter un livre qu’un film. Un film ce sont des gestes, des images, un rythme qui sont destinés à être partagés entre les gens enfermés dans une même salle, ou un même lieu. Le projet de consommation est collectif, il est déjà un récit de l’histoire qui est contée ; je vois ce que tu vois et je vois autre chose mais nous le voyons ensemble. Cela donnait de belles envolées dans la cour. Même si je racontais mal ou si je rusais dans la trame, celles et ceux qui avaient vu le film le reconnaissaient plus ou moins.
Pour avoir essayé d’en raconter, je me suis rendu compte que le livre est plus secret qu’un film. On peut raconter un livre entier sans que quelqu’un qui l’a pourtant lu le reconnaisse. C’était un sentiment étrange, comme si en plus d’être une histoire, le roman était aussi un mensonge ou un secret.