Les mots, c'est ce qui nous coûte le moins ; nous en avons à revendre. Mais les mots représentaient à cette époque [1066, l'invasion de l'Angleterre par Guillaume le Conquérant] de véritables cadeaux : les envahis n'utilisaient que des mots simples, concrets, les envahisseurs leur apportèrent tous ceux qui permettent d'avoir des idées et de les relier entre elles ; les mots nouveaux, c'étaient des outils pour dominer la matière, des instruments de connaissance, des clés à comprendre la vie : la chevalerie, le droit, le commerce, la guerre, l'histoire, les merveilles du monde, le cadastre, la loi écrite, le sens de l'universel et le goût des belles images pénétrèrent en Angleterre grâce aux mots des Normands. (p.64)