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Citation de Aquilon62


De 1600 à 1610, le Caravage crée la surprise, s'impose auprès des connaisseurs et ne ressemble à personne : est-il seulement italien, ce peintre qui ignore la grâce, l'élégance et même le glamour ? Il avait mieux à faire. On ne saurait rompre davantage avec la tradition que l'a fait ce grand maître, pour bâtir une œuvre aussi solide que la sienne. La rupture du Caravage avec l'imagerie religieuse traditionnelle, son réalisme et ses études de lumière évoquent Rembrandt certes, le Tintoret avait déjà rompu avec l'imagerie embellie de I'Histoire sainte, avec ses costumes de théâtre, dans l'esprit de la Contre-Réforme catholique qui, en concurrence avec le protestantisme, faisait tout pour faire reprendre le catholicisme au sérieux. Mais une gosse différence met à part le Caravage : on ne peut savoir si "sa peinture d'un univers muet et d'une manière opaque" est celle d'un croyant, écrit Yves Bonnefoy ; "voici dissociés, pour la première fois dans la peinture italienne la représentation de l'objet et la recherche d'un idéal" , le Caravage "est neutre, il ne juge pas", ajoute le poète. Il n'est pas le peintre naturaliste qu'on disait autrefois, il ne détaille pas les rides ni les poils de barbe : il fait voir des scènes sublimes ou terribles, mais il les place dans un monde qui n'est ni beau ni laid, ni rassurant par des détails minutieux auxquels on est tenté de s'accrocher ; le monde du Caravage est global et banal, si bien que ce monde nous donne le même vertige métaphysique que celui que nos yeux voient : d'où sort cette réalité qui s'impose à nous, mais qui ne repose sur rien et où tout n'est et ne sera jamais que faits-divers, y compris l'Évangile, y compris la pire atrocité, y compris notre propre mort ?
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