Et voici tout l'objet de ce petit livre : Montrer que l'Église, aimant le Bien, puisqu'elle est divine, a d'un égal amour aimé le Beau, et conséquemment aimé en même temps l'art, le grand art, pour autant qu'il l'exprime ou du moins s'y exerce. Que le Beau existe ou n'existe pas : nous laissons les savants s'amuser avec cette question. Il existe au moins à l'état d'Idéal, et c'est cet idéal que l'artiste, s'il n'y réussit pas d'ordinaire, il est vrai, tente au moins de rendre visible à nos yeux.
Le discours de M. Brunetière, l'Art et la Morale, n'est pas réjouissant, tant s'en faut, et l'on peut se demander, çà et là, s'il ne serait pas un peu "original," au sens que l'illustre conférencier donne lui-même à ce mot, c'est-à-dire un peu paradoxal. Dans la notion du grand art, dit-il, un germe d'immoralité est toujours enveloppé.
En tout cas, pour l'Église et dans l'Église, le Bon et le Beau, sans parler du Vrai, se rejoignent nécessairement, et se rejoignent si bien qu'ils sont inséparables.