Carpeaux avait manifesté de bonne heure pour le portrait les dispositions les plus marquées. A l'école, il façonnait, les yeux bandés, les bustes de ses camarades, excellent moyen, disait-il, de s'entraîner à comprendre les formes. Duret avait remarqué et utilisé ce don et il prenait volontiers son élève pour collaborateur quand il ne pouvait suffire à exécuter les portraits commandés.
La plupart, des reproductions que l'on trouvera ici sont exécutées d'après des photographie prise sue les originaux mêmes. Nous avons eu recours qu'exceptionnellement à la photographie des moulages.
Jusqu'à la fin du XVe siècle, en France, disons même plus, jusqu'à la mort de Michel Colombe et jusqu'à celle de Louis XII , nous verrons la sculpture tout au moins garder son originalité tout entière ; nous verrons son style se transformer spontanément, comme s'était transformé celui de l'architecture, avant l'arrivée des Fra Giocondo et des Boccador, comme, vers le même temps, se transformait la peinture flamande avec Memling, puis Quentin Metsys et Gérard David. C'est à l'apogée de ce mouvement, que nous verrons apparaître chez nous des oeuvres magistrales comme celles du maître de Solesmes ou celles de Michel Colombe.
Ce sont donc deux familles distinctes, mais à peu près du même milieu : l'une, celle des Boudin, habitait à Paris la rive droite, la rue Montorgueil et la paroisse Saint-Eustache ; l'autre, celle des Bourdin, habitait la rive gauche et le faubourg Saint-Germain ; ils faisaient tous partie de ces honnêtes maîtres sculpteurs et tailleurs d'images parisiens, gens de métier sans prétention.
Une ville romaine d'une certaine importance s'éleva cependant sur cette partie de l'emplacement du Tours actuel, entre la Loire et le Cher. Certains auteurs voudraient même qu'il eut existé à cet endroit, avant la conquête de César, une cité gauloise, capitale de la tribu des Turons ou Turones, qui ont donné leur nom au pays désespérée du patriotisme gaulois sous Vercingétorix.
Cet instinctif cependant, ce peintre facile, est un grand laborieux; ses dons évidents ont été cultivés, sinon avec une méthode pédante, du moins avec une applications continue. Cet art spontané et qui n'a l'air de rien devoir à personne a des racines et des attaches profondes. Cette poussière d'ailes de papillon ne s'est pas posée au hasard sur d'innombrables toiles.
Lorsque le visiteur pénètre dans la cour du Musée, il est attiré par un perron et une porte, assez peu monumentale du reste, qui commande la grande salle ; mais ce n’est pas par là que se fait l’entrée du Musée, sauf en certaines circonstances exceptionnelles. On est dirigé vers une petite porte de l'aile droite qui donne accès dans une première série de salles (numérotées I, XVIII et XIX), où l’on a réuni autant que possible les productions des écoles de peinture classiques italienne et espagnole, flamande et hollandaise. Nous y noterons, dans la première, un robuste Portrait d'homme du Tintoret, une Charité romaine de Luca Giordano et une Résurrection de Lazare d’Andrea Sacchi qui faisait partie de la collection orléanaise du président Haudry au xviii0 siècle. Un Saint Thomas de l’école espagnole, peinture robuste et un peu sèche, était attribué jadis à Murillo : on veut y reconnaître aujourd’hui un tableau de jeunesse de Velasquez.
Les tapisseries du moyen âge à sujets civils sont extrêmement rares et il semble que ce ne soit pas au temps seul qu'il faille imputer cette rareté : s'il ne nous en reste guère, c'est sans doute qu'il n'en a pas été tissé beaucoup. En vérité, les inventaires nous citent durant tout le XVe siècle d'innombrables suites de tentures qui n'ont rien de religieux ; mais c'est toujours de sujets historiques ou légendaires qu'il s'agit, l'Histoire d'Alexandre, celle de Troie la Grande, les Preux et les Preuses,et rarement nous rencontrons des scènes tirées de la vie contemporaine ; parmi les tapisseries qui subsistent et qui passent pour en figurer, c'est bien souvent que les légendes qui diraient le sujet ont disparu et que nous ignorons l'épisode exact qu'elles représentent.
Très traditionnelle encore au début du siècle, puis peu à peu pénétrée par l’influence italienne et antique, s'assimilant les enseignements qui lui arrivent d'outre-monts, les transformant en leur appliquant son tempérament propre, cette école arrive à faire œuvre originale et robuste, même dans l'imitation, à plus forte raison, lorsqu'elle conserve intact et manifeste dans toute sa pureté, comme dans quelques chefs-d'œuvre de Germain Pilon, le génie vigoureux des ancêtres. Elle prépare, à la fois, l’art classique, harmonieux et pondéré qui fera la gloire des Girardon et des Coysevox, et elle maintient la tradition du puissant naturalisme qui reparaîtra au grand jour chez un Pigalle ou un Houdon.
Carpeaux cependant usait ses jeunes forces en modelant a vil prix des vases pour des marchands de porcelaine ou en agrandissant pour eux des maquettes de Carrier-Belleuse. Il fallait vivre en effet et sa famille comptait un peu sur les gains qu'il rapportait.