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Citation de mesrives


LE BERGER

A l'odeur de ton chandail humide
je t'ai reconnu, berger
toi qui menas le poète aveugle
dans les landes de l'Antiquité.

Ici on est aveugle sans cécité.
Octobre vente, octobre pleut,
les maisons chancellent.
Nous rentrons du cinéma.

Dans les derniers mètres du film
les amants sont restés figés
dans un baiser de mort et les étoiles
pleuvaient sur leur couche.

La bêtise ni la haine ne les ont
séparés, le poison non plus
qui consuma jusqu'à la braise
les caresses de Roméo et de Juliette.

Le paradoxe même de l'existence,
le signe fatal noyé en chaque cellule
les contraignit à chercher
le réconfort dans la mort.

Nulle volonté humaine, le destin plutôt
nous a drossés aussi sur les deux rives
opposées du fleuve du temps,
malgré notre amour partagé.

Ta beauté est la destinée que je défie.
Dans les flammes de tes torches de résine
je rassemble en tremblant mes vestiges
pour en bâtir une silhouette humaine.

Je crois que ton visage ambré
par les nuits blanches m'appelle
car tu scintilles comme une ville illuminée
dans les ténèbres des rives arctiques.

Vers toi je tangue sans gouvernail,
épave de navire, pensée sans demeure,
promeneur ivre dans la nuit. Je me glisse
dans la laine de ton chandail mouillé.

Berger, ne pleure pas. Il est un pays
où les amants les yeux grands ouverts
se fondent, se confondent, et veillent sur la nuit.

Les jours sont comptés, pas les caresses.
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