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Citation de SZRAMOWO


Le praecipuus Pothinus avait atteint un âge avancé. Il vivait presque reclus, ne parlait à personne et ne se connaissait pas d’amis. Digne, réfléchi et prudent, il gardait son domaine comme les portes du Ciel.
Seuls les plus hauts fonctionnaires du palais pontifical avaient accès aux Archives, situées derrière la vieille basilique. Constantin lui-même en avait ordonné la construction après qu’il eut fait démolir les quartiers de sa garde à cheval, dont la loyauté envers son auguste personne laissait à désirer. Les Archives étaient parfaitement isolées du reste des bâtiments ecclésiastiques. En effet, les documents qu’elles recelaient avaient en commun leur caractère controversé. La plupart avaient été déclarés hérétiques par un quelconque concile. Maints étaient des évangiles qui divergeaient avec les textes retenus pour constituer le canon. Le Saint-Père Damase Ier avait désigné Eusebius Sophronius Hieronymus1 pour traduire ces derniers en latin et les compiler en un corpus qui ferait référence, la Biblia, fondement sacré pour les fidèles.
Le praecipuus Pothinus s’enorgueillissait de cette mission de confiance dont il s’acquittait avec componction : gardien d’œuvres sulfureuses, qui eussent été autant de brandons de discorde pour une chrétienté déjà en proie aux divisions. C’est pourquoi ceux qui le connaissaient de loin crurent avoir la berlue lorsque, un beau matin, ils furent témoins d’un spectacle incongru : le praecipuus Pothinus, courant presque dans l’enfilade de couloirs ! Le claquement de ses sandales sur les dalles de marbre se réverbérait en un long écho à travers l’immensité de la maison papale. Alarmés, stupéfaits, tous se figeaient pour le voir passer.
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