Citations de Peter Tremayne (605)
Le sage tient sa langue, car les mauvaises intentions se nourrissent de murmures.
Cuan Doir, le port de Dor, n'était distant que de trois miles des grilles de l'abbaye. Le chemin qui y menait n'était jamais très éloigné de la mer que l'on voyait écumer au loin, il serpentait dans les landes sauvages d'ajoncs et de bruyère, avec des affleurements de rochers polis par les siècles. A cause de la proximité de l'océan, les arbres étaient rares et prenaient des formes étranges, sculptées par les vents côtiers. À mi-chemin, ils tombèrent sur un site de pierres levées. Les sentinelles de granité gris couvertes de lichens témoignaient des croyances et des pratiques des Anciens. Elles étaient disposées en un cercle d'une trentaine de pieds de diamètre, juste à côté d'une maisonnette en pierre. Ce témoignage des coutumes d'autrefois semblait s'intégrer parfaitement au paysage sauvage, balayé par les vents, et faisait surgir des images du passé.
Ils cheminaient dans les hautes montagnes et les vallées encaissées de Muman. Le deuxième jour, la tempête s'était calmée mais les pluies incessantes rendaient la progression des chevaux difficile, sur un sol boueux aspirant leurs sabots comme des mains suppliantes. Plus d'une fois ils faillirent s'embourber dans des prairies marécageuses et durent mettre pied à terre pour tirer les bêtes hors de ces pièges invisibles à l'oeil nu. Le ciel, d'un gris maussade et menaçant, ne s'était jamais entrouvert sur la splendeur d'un ciel d'automne. Les nuages bas noyaient le ciel et la terre d'une même lumière blafarde. Le vent, qui gémissait dans la cime des arbres où les feuilles avaient presque disparu, ne parvenait pas à disperser les nappes de brouillard.
Cass tira les rênes de sa monture et attendit que Fidelma le rejoigne. Puis il pointa du doigt les collines boisées et, au-delà, la plaine ondulante qui disparaissait dans les brumes. En Irlande, Dieu seul savait où finissait la terre et où commençait le ciel...
Cousu à l'intérieur de l'habit se trouvait un petit sacculus de lin. Dans l'ancien temps, les religieux des deux sexes avaient seulement une crumena, une petite gibecière qu'ils portaient à l'épaule et leur servait à transporter leurs affaires personnelles. Certains, comme Athelnoth, avaient une pera. Mais une nouvelle mode venait d'apparaître, celle du petit sacculus de lin cousu dans les plis de leur habit, pour mieux protéger leurs biens. Cette mode venait du royaume franc, on appelait cela "une poche".
Voilà ce que je leur dis, aux Eóghanacht de Cashel: puissiez-vous vous évaporer de la surface de la terre comme la neige au bord d'un fossé quand paraît le soleil. Que la pintade crie à chaque nouvelle naissance des reins de vos femmes. Que vos vieillards meurent en hurlant. Que vous n'ayez que des cendres dans l'âtre par le pire des hivers, et que vous ne connaissiez de repos ni dans ce monde ni dans l'autre.
L'écheveau le plus emmêlé peut être dénoué à force de patience.
Les rois et les princes ne sont pas placés sur des trônes pour être appréciés.
On a raison de dire que le sage écoute et se tait, tandis que le sot se bouche les oreilles et se répand en paroles.
(10/18, p.42)
- Il y a toujours place pour la meilleure interprétation.
Si l'on n'y croit pas, aucun avenir n'est possible
- Mais récemment, une résistance au christianisme s'est fait jour.
- Comment l'expliquez-vous ?
- Cela remonte à une ou deux générations, quand le pape Grégoire a déclaré la primatie de Rome sur les pays christianisés.
Dans les cinq royaumes, aucune de nos grandes abbayes n'a été désignée église primatiale, et nombreux sont ceux qui n'apprécient guère la perspective d'obéir à Rome en toute circonstance. Cela ressemble fort à une limitation de nos libertés, et à une restauration de l'Empire romain sous une forme nouvelle.
La religion importe peu, seul compte le pouvoir.
Dans les cinq royaumes [d'Eireann, d'Irlande], la plupart des rituels étaient encore célébrés en grec, la langue qui avait servi à rédiger les Saintes Ecritures (1). Mais les religieux se tournaient maintenant vers le latin, la langue de Rome qui se substituait peu à peu au grec.
Fidelma passait indifféremment de l'une à l'autre et, en plus de sa langue maternelle, elle parlait aussi un peu celles des Bretons d'Angleterre et des Saxons, et lisait l'hébreu.
(1) Note de bas de page : Le Nouveau Testament, l'Ancien Testament ayant été écrit en hébreu et en araméen. (N.d.T.)
- Allons, tu sais remettre la patte d'un mouton, tu peux surement remettre la jambe d'un homme.
Poursuivre la vérité, c'est examiner et vérifier chaque fait un par un, sans rien retrancher ni ajouter.
Abolir la connaissance, peu importe au nom de qui, est un crime envers l'humanité.
Sur les flots gris ourlés d'écume de cette fin d'automne, la traversée n'avait pas été un voyage d'agrément. Le vent glacial soufflait en rafales, sifflant dans les côtes découpées par les vagues qui martelaient les falaises.
Cette île égarée dans l'océan donnait l'impression qu'un raz-de-marée avait arraché le sommet d'une colline du continent pour le précipiter dans les mers déchaînées.
En s'approchant de ses rivages déchiquetés, Fidelma avait eu la vision d'une crête de coq de combat, et elle s'était émerveillée que des êtres humains puissent survivre dans un cadre aussi inhospitalier.
Les centres d'intérêt d'un érudit sont multiples.
La solitude est une auberge où on ne trouve que ce qu'on apporte.
Celui qui se jette dans le brasier de l'emportement connaitra les glaces du regret.