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Critiques de Philip Coggan (4)
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Cambodge, un monde d’esprits

Merci à Babelio et à GOPE Editions de m'avoir permis de découvrir ce livre dans le cadre de l'opération Masse Critique.



Je voudrais d'abord saluer le travail de l'éditeur... et pas seulement parce que j'ai découvert qu'il se situait à à peine une 10aine de kms à vol d'oiseau de chez moi !

GOPE Editions me paraît être une toute petite maison, fruit de la passion d'un homme pour l'Asie du Sud-Est... passion qui se retrouve dans l'excellente qualité du travail effectué sur ce livre.

On se doute que les moyens ne sont pas forcément pléthoriques, mais le livre est très agréable à lire car très bien mis en page, aéré, découpé, avec de belles photos en couleur, excessivement peu de coquilles et une traduction irréprochable !



Concernant l'oeuvre de Philip Coggan, il s'agit d'une très intéressante introduction au monde spirituel cambodgien, qui mêle religions organisées (dont principalement le bouddhisme) et animisme via les croyances et superstitions d'un monde essentiellement rural.



La partie finale du livre est d'ailleurs consacrée à la confrontation de cette spiritualité et du monde moderne... et j'ai d'ailleurs beaucoup apprécié la partie qui tente d'expliquer (peu aisé sur un si petit nombre de pages) comment cette spiritualité a pu jouer un rôle dans l'horreur Khmère rouge.

J'espère d'ailleurs trouver d'autres ouvrages qui me permettent de creuser cette partie sombre de l'histoire de ce pays.



Bref, un ouvrage concis avec lequel vous survolerez de multiples aspects de l'histoire des croyances et esprits du Cambodge et qui vous donnera l'envie d'aller plus loin dans la connaissance de ceux-ci.
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Cambodge, un monde d’esprits

Article paru dans le Phnom Penh Post



Un nouveau livre dont le but est de fournir aux profanes les bases pour comprendre la religion et le spiritisme cambodgiens vient de paraître.



La religion et le spiritisme imprègnent la société cambodgienne. Chaque maison, chaque lieu de travail dispose au minimum d’un sanctuaire, chaque quartier, chaque village a sa pagode. Les moines sont omniprésents et les kru khmers le sont également.



Pour les étrangers, cet aspect de la culture locale peut sembler curieux et difficile à comprendre.



A qui sont dédiés tous ces sanctuaires ? Pourquoi les bouddhistes vouent-ils aussi un culte aux esprits ? Pourquoi les Cambodgiens ont-ils pour obsession « d’accumuler des mérites » ? Et que représentent ces flèches ondulées qui surmontent les pagodes ?



C’est ce genre de questions qui donna à Philip Coggan, ancien diplomate australien et personnel des Nations unies devenu pigiste, l’idée d’écrire Spirit Worlds: Cambodia, The Buddha and the Naga (Cambodge, un monde d’esprits - Les Khmers, le Bouddha et le Naga).

[…]

Cet ouvrage se laisse lire et fournit un rappel historique plus une vue d’ensemble du bouddhisme tel qu’il est pratiqué au Cambodge avant de faire une nomenclature des très nombreux esprits et fantômes, puis d’aborder des sujets allant de la nature du kamm (chance) au rôle du roi, du recours aux bong thom (« grands frères ») en passant par une explication de comment le génocide perpétré par les Khmers rouges a pu avoir lieu dans une culture qui fait grand cas de la non-violence et a en horreur le meurtre.



« Je crois que la plus grosse surprise éprouvée par les étrangers au Cambodge, c’est lorsqu’ils réalisent que ce n’est pas un pays bouddhiste » nous écrit Coggan dans un e-mail envoyé d’Australie, cette semaine.



« Bien sûr, il y a Bouddha, mais il y a aussi de nombreux autres dieux, ceux-là même que vous trouvez dans l’hindouisme tels Yama, le dieu de la mort, Indra, Brahma et Vishnou, le dieu de la maison royale. Le bouddhisme est la religion qui intervient lorsqu’on meurt – à votre mort, vous avez absolument besoin de bonzes. L’hindouisme concerne la magie et le spiritisme est pour tout le reste. Les esprits ne sont jamais loin de vous. »



Coggan, qui est venu pour la première fois au Cambodge en 2002 et a écrit deux romans ayant pour cadre le pays, a passé 6 mois à se documenter pour ce livre, traversant de long en large le Royaume pour interviewer de nombreuses personnes, dont des moines, des kru khmers (guérisseurs traditionnels) et même des officiels de haut rang du clergé. En chemin, il fit des rencontres des plus intéressantes.



« L’une de mes préférées est cette fille qui est protégée par un esprit-serpent », dit-il. « Son petit ami, un Barang, m’a raconté à quel point il avait été choqué quand, après une dispute, elle lui avait révélé qu’elle avait eu l’intention de le tuer mais que son esprit-serpent lui avait conseiller de ne pas faire ça.

Ce qu’elle m’avait raconté, c’était qu’elle était sur le point de se suicider et que l’esprit-serpent l’en avait empêché. Je lui ai donné le bénéfice du doute. »



Coggan a été fasciné par les neak ta – de puissants esprits qui couvrent une zone spécifique, un village, une province entière ou une région.



« Par exemple, le petit sanctuaire qui se trouve en dessous du Mât du Pavillon Royal, sur la promenade Riverside à Phnom Penh, est dédié à 6 ou 7 des neak ta régionaux les plus importants du pays », dit-il. « Ils sont très populaires – les fidèles viennent en foule les jours saints les plus importants.

Et, bien sûr, il y a le sanctuaire de Yeay Mao sur la route qui relie Phnom Penh à Sihanoukville, avec ses symboles phalliques dont des pénis en pierre de grande taille. Les gardiens du sanctuaire sont très concernés parce que les gens viennent et laissent des phallus en bois, alors ils doivent les ramasser et les brûler, une fois par mois environ. »



Coggan dit que bien qu’il ait exploré le sujet de façon approfondie, il ne croit pas avoir rencontré d’esprits.

« Pour je ne sais quelle raison, les esprits ont tendance à m’ignorer. Mais j’ai vu la chumneang pteah, la protectrice du foyer, dans mon appartement, une nuit. Elle s’inquiétait que je n’aie pas fait les offrandes hebdomadaires de rigueur. En fait, elle ne m’a pas réellement parlé, mais je savais pourquoi elle se manifestait à moi.

Elle avait des cheveux tout à fait blancs et portait un chemisier noir serré, aux manches fendues. Bien sûr, à la différence de mes amis cambodgiens, je savais très bien qu’il s’agissait d’un rêve éveillé, causé par mes recherches sur le sujet ou quelque chose de ce genre, et non d’une véritable apparition. C’est vrai, croyez-moi. »



Il avoue par ailleurs que le plus grand défi rencontré lors de l’écriture de ce livre a été de traduire certains concepts cambodgiens difficiles à comprendre pour les Occidentaux. D’ailleurs, il n’a pas compris certains d’entre eux.



« Pendant longtemps, j’ai eu l’impression que les morts étaient supposés aller en enfer, tous les morts. Puis, j’ai découvert qu’il y avait un “endroit paisible” qui n’est pas du tout l’enfer, un endroit où tous les Cambodgiens espèrent aller.

Une autre chose que je n’ai jamais réussi à comprendre, c’est dans quelle mesure le roi est toujours considéré comme un dieu – l’incarnation de Vishnou. Je n’ai pas réussi à me faire une certitude, malgré mes lectures. Peut-être que les villageois les plus âgés le considèrent encore comme tel. Je n’ai pas eu le temps d’approfondir la question. »



Selon Coggan, ce livre est vraiment un instantané des choses telles qu’elles sont aujourd’hui. Tandis que le Cambodge se modernise et s’urbanise, la spiritualité change elle aussi.



« La religion cambodgienne est essentiellement une religion villageoise », dit-il. « Les monastères, les esprits, ils proviennent tous du petit monde des villages et ils servent à en assurer la cohésion.

Ils soudent la communauté et offres des lois à une société qui a peu des deux – le village cambodgien est un rassemblement de familles, pas une entité en soi, et ce sont les dieux et les esprits, pas la police ou le Gouvernement, qui, traditionnellement, punissent les méfaits.

De nos jours, tout cela change, très rapidement. Les gens migrent en ville, tandis que les routes, la télévision, l’économie de marché, la confiscation des terres et les partis politiques détruisent l’auto-suffisance de jadis.

Ajoutez à cela le défi des missions chrétiennes, qui sont très bien financées et créent des communautés qui refusent de se mélanger aux autres. Le Cambodge d’autrefois peut-il survivre ? je me le demande vraiment. »

[…]



Will Jackson, The Phnom Penh Post
Lien : https://cambodgeunmondedespr..
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Cambodge, un monde d’esprits

Cambodge le monde des Esprits

Dans le cadre de l'opération masse critique, j'avais choisi plusieurs livres correspondant à mon environnement. Livre d'histoire, livre de témoignage militaire ou policier et celui-ci Cambodge un monde d'esprit, les khmers, le Bouddha et le Naga de Philippe Cogan. Pourquoi ai-je choisi ce livre?

La raison est la suivante : En 1993, j'ai vécu 6 mois au Cambodge afin de mettre en place la première élection libre de ce pays en tant que gendarme sous mandat de l'ONU. Cela était-il un signe que l'on me donne la possibilité de recevoir ce livre ? Je vous laisse à votre réflexion. Deuxième indice, lors de cette mission, je fus en relation avec différents officiers Australiens dans la province ou notre campement était installé. Et voici que je lis que Philip Coggan est né à Sydney qu'il a rejoint le service diplomatique australien et participé à des missions de maintien de la Paix pour les Nations Unies, puis est revenu travailler dans une ONG aidant les victimes des Mines. Lors de ma mission en 1993, je me suis retrouvé selon ce que l'on disait sur place dans la zone la plus minée du Cambodge.

Évidemment, bien que l'époque ne laissait peu de place au tourisme, j'ai eu l'occasion de me rendre à Battambang, Siem-Reap, le temple d'Angkor qui était très très nettement moins fréquenté qu'aujourd'hui et dont certaines parties étaient encore à la main des khmers rouges. Puis Phnom-Penh et d'autres villages en bordure de la frontière Thaïlandaise, au grès des différentes missions.

Au cours de ce séjour, j'ai effectivement remarqué tout ces petits sanctuaires, installés devant les maisons et à l'intérieur de celle-ci, généralement entouré de fleurs, de sujets divers, de petits jouets, objet d'une grande attention des habitants, de ces lieux. Ces petits sanctuaires étaient également installés aux abords des rizières, des villages et dans des lieux propices à l'éloignement de l'activité humaine, dans des troncs d'arbres et autres.

Par la lecture de ce livre composé de 14 chapitres comprenant plusieurs paragraphes, Philip Coggan, fait une analyse particulièrement détaillée des pratiques spirituelles des Cambodgiens, en partant de récit légendaire de la vie de Bouddha de sa naissance à sa mort. Puis le lecteur sera amené à pénétrer dans la notion du bouddhisme, qui rythme la vie des Cambodgiens leur inculquant des valeurs morales, mais aussi dans une cartographie secrète du Mandala de pierre, du Dharma et du monde de l'animisme. Après avoir pris connaissance de récits du monde des ombres auprès d'anciens, l'on rencontre un homme marqué par son Kamm et Bonn notions qui font référence à des concepts bouddhistes, associant les idées de réincarnation, de pouvoir et de statut social. L'auteur évoquant l'esprit du village, ou bien celui d'un homme qui parle de ses difficultés avec ses grands mères l'une vivante et l'autre à naître..

Le voyage dans ce monde des esprits ne s'arrête pas là . Vous vivrez l'ordination du Naga et les différentes divinités du foyer. Vous apprendrez à reconnaître les pouvoirs terrestres avec les Kru de Boramey, chamans de sexe féminin, qui sont les intermédiaires pour entrer en contact avec le monde invisible.

Dans cette perspective, les morts reviennent sous forme de fantômes affamés . Vous les rencontrerez dans deux récits.

Philip Coggan s'intéresse aussi à l'histoire de Phnom Penh, a partir du roi Jayavarman VII qui régna pendant 40 ans sur l'empire Khmer jusqu'à la mer de Chine du Sud et aux confins de la Birmanie et qui avait 25 ans lorsque Suryavarman II le fondateur d'Angkor Vat est mort dans un chapitre les quatre visages comme ceux du Bayon à Angkor Vat

La dernière partie de ce livre est plus contemporaine avec l'évocation du génocide perpétré par les khmers rouges avec le témoignage d'un survivant, celui d'un bourreau, et l'évocation de la religion de l'Angkar.

L'avant dernier chapitre intitulé le Cinquième Bouddha évoque le plus grand défi que doit relever le Cambodge, celle de la modernité, avec une croissance de plus de 7% par an ou l'on bafoue totalement la nature par la déforestation, la construction de barrage, le déplacement de plus 400 000 personnes pour réquisitionner 2 millions d'hectares de terres agricoles pour cultiver à la place du riz des arbres à caoutchouc. Un dernier regard sur la grande migration de la campagne vers la ville nous apprend que la religion villageoise est la croyance aux esprits sont toujours garants de la moralité et de la bienséance. Lors de la nouvelle fête d'origine occidentale la Saint-Valentin , la ministre des affaires féminines Sivann Botum en 2012 a fait produire une vidéo pour apprendre aux jeunes gens comment fêter la saint-valentin avec décence en «  priant les femmes de respecter la tradition Khmères, parce que la virginité est très importante ».

En 200 pages que vous pouvez lire en prenant les chapitres qui vous intéressent en premier lieu puis revenir après sur les autres, vous aurez entre les mains ce document indispensable à mes yeux, pour pénétrer dans l'intimité des Cambodgiens par ce regard particulièrement éclairé et documenté de Philip Coggan.
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Cambodge, un monde d’esprits

Mélange, et surtout imbrication, de légendes et de croyances, de tradition et d‘Histoire, ce livre est une plongée dans les nombreux aspects de la société cambodgienne.

Complétement ignorante en ce qui concerne le bouddhisme et l’animisme, et notamment du fait que croire en l’un est loin de signifier croire en l’autre, j’ai beaucoup appris et ai été touchée. Le documentaire est ponctué de récit de vie, de moine, de paysan, de personne ayant accueilli un esprit en eux et le tout est très humain. L’auteur, qui est lui-même allé au Cambodge pour recueillir ces témoignages (beaucoup des photos illustrant le livre sont d’ailleurs de lui), fait preuve de recule et d’ouverture d’esprit, il est donc agréable de découvrir ce lieu par son prisme.

Un vrai travail intellectuel est également mené avec des comparaisons au christianisme ou encore un questionnement sur la place de la religion dans nos sociétés actuelles.

Une belle découverte donc !

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