Comprends-moi bien. Tu ne te berces pas de l’illusion qu’à travers une Consuela tu vas retrouver ta jeunesse une dernière fois. Au contraire, la différence n’est jamais aussi flagrante. Du fait de sa jeunesse à elle, de son enthousiasme, de l’inexpérience de sa jeunesse, de l’expérience de sa jeunesse, la différence ressort à chaque instant. Pas d’erreur, c’est bien elle et non toi qui a vingt-quatre ans. Il faudrait être un abruti pour croire retrouver sa jeunesse. Si on croyait la retrouver, ce serait un jeu d’enfant. Loin de te sentir rajeunir, tu mesures l’écart poignant entre son avenir illimité et les bornes du tien, et tu éprouves encore plus qu’à l’ordinaire l’éphémère poignant de toutes les grâces perdues. Tu te fais l’effet de jouer au base-ball avec des types de vingt ans, dans ces moments-là. On remarque la différence à chaque seconde du match. Mais au moins, on n’est pas assis sur le banc de touche. En somme, on éprouve douloureusement son âge, mais d’une façon nouvelle.