Philippe Barbarin

Dieu est-il périmé? Double sens que cette question! Si on raisonne en nombre de personnes, qui, sur cette terre, croit en une vérité transcendentale, tous les anthropologues vous répondront: non, bien sur. Que ce soit au grand manitou, à l'esprit des forets, au souffle du vent, à Mahomet, Dieu, Bouddha ou tant d'autres, l'homme pense, en grande majorité, q'un( ou des) dieux l'aime et est plus fort que la mort!



Mais si on transpose cette question dans nos societés"civilisées", "évoluées", " scientifiques", en bref beaucoup plus intelligentes, nous aurons la réponse inverse : oui, bien sur! Et, nos grands philosophes nous assènent un athéisme abscons "les hommes créent Dieu à leur image , inversée " (Onfray) , késaco? ou souhaitent créer une "spiritualité sans Dieu" Transcendance sans transcendant, ou, pour le dire plus simplement, créer un chemin sans but.



Interrogatif devant ces paradoxes, mr Montali, directeur adjoint du parisien, a recensé , au travers d'une enquête, les principales questions que les français se posent concernant la foi catholique et les a transmises au cardinal Philippe Barbarin.

Le cardinal est évéque de Lyon, surnommé "Monseigneur 100000 volts": en effet, présent sur tous les fronts, il a été trés présent pour aider les minorités chrétiennes d'Irak, force de proposition avec les écologistes pour mieux protéger notre environnement, combatif contre le mariage pour tous, réconciliateur aussi bien entres les différents groupes chrétiens ( protestants, orthodoxes, anglicans..) qu'avec les deux autres grandes religions monothéistes: le Judaisme et l'Islam.



Ces questions peuvent être regrouper en plusieurs thèmes:

1/ " Aime et fais ce que tu veux" ( Saint Augustin)

Il est évident que cette maxime, sortie de son contexte, peut servir n'importe quelle cause, n'importe quel gourou.

Elle est pourtant la pierre angulaire de la foi catholique: à partir du moment où tu aimes profondément Dieu, où tu restes avec lui (par la prière et les sacrements), tu es libre, Max!

Qu'est ce que croire, peut on croire sans voir, tous les "commandements ne sont ils pas une contrainte, sommes nous libres par rapport à Dieu

2/ "je vois le bien et je l'aime, et je fais le mal" ( Ovide)

tous les problémes concernant la culpabilité, le remords, la crainte, la sentence divine. Qu'est ce que la miséricorde?

3/ "si Dieu n'existe pas, tout est permis (Dostoievski)

la place d'un catholique aujourd’hui: source de paix ou source de conflit, comment s’insère t-il dans la morale laïque, peut on croire sans appartenir à une religion?N'est il pas puéril, naïf de prôner l'amour, la charité, dans un monde individualiste, ultra libéral?Comment les jeunes peuvent ils croire à l'espérance chrétienne alors que se profilent le chomage, la violence, la peur?Communauté et communautarisme? Pourquoi les églises se vident?

4/ Le fils de Dieu n'est pas venu pour détruire la souffrance mais pour souffrir avec nous ( Paul Claudel)

les trés difficiles questions sur le mal et la souffrance

5/ aimer la vie

aimer son prochain, défendre la vie ( avortement, euthanasie, bioethique..)

6/ se tourner vers Dieu avec le pape François



"Dieu est-il périmé est un livre facile à lire"( une bible à coté de soi n'est pas indispensable mais peut être utile si l'on veut approfondir certains passages)

Ce livre s'adresse à tous:

- aux catholiques convaincus qui sont pourtant souvent"secs" face à une question un peu pointue

- à tous les catholiques refroidis voire dégoûtés par une foi" soi disant catholique" à coté de ses pompes

- par tous ceux qui cherchent un sens à leur vie

-aux athées: venez , en toute honnêteté intellectuelle, confronter vos opinions



Mais tout cela n'est que mon humble avis!

Voilà plus de 50 ans que je récite le Notre-Père. Enfant, j'en répétais les mots appris de mes parents, puis jeune homme, cette prière a calmé mes colères et nourri mes espérances. Maintenant encore, elle est l'ancrage incontournable de toutes mes prières.

Il s'est passé quelque chose de formidable dans ma vie cette semaine, avec la lecture de ce livre du cardinal Barbarin, et je ne pourrais plus réciter le Notre-Père de la même façon.

Dans ce livre simple, l'auteur remonte à rebours cette prière pour nous aider à en approfondir le sens.

Personnellement la première partie du livre m'a plus touché que la fin, mais ce fut une très belle lecture quelques jours avant Noël.

En 1986, en Algérie sept moines du monastère de Notre Dame de l’Atlas, à Tibhirine étaient enlevés par des membres du Groupe Islamique Armé, puis exécutés sauvagement dans des conditions demeurées mystérieuses.

Le bouleversant film de Xavier Beauvois « Des hommes et des dieux » de 2010 a ému un très large public en France, preuve s’il en était besoin que dans notre société hyper marchandisée, le fait de se consacrer aux autres jusqu’au sacrifice de sa vie et ce, « gratuitement », peut émouvoir profondément.



Cet ouvrage collectif « Tibhirine l’héritage » n’expose pas les faits et n’a pas pour propos d’apporter des révélations.

A cet ouvrage ont ainsi apporté des contributions, outre des hommes d’église familiers des martyrs et de leur univers géographique et monacal, François Cheng et Marc Trévédic. Ce denier, une voix très écoutée en cette période de péril terroriste, a connu le dossier en qualité de magistrat instructeur. Mais bien sûr c’est l’homme qui s’exprime ici, pas le spécialiste du code de procédure pénale, ce n’est pas le lieu d’exposer des révélations sur le dossier juridique.

A ces deux brillants contributeurs, qui n’appartiennent pas à l’institution de l’église catholique, la plume de la philosophe Leïla Tennci apporte aussi des mots vibrants très personnels.

Et puis ces « testaments spirituels » de Christian de Chergé, frère Christophe et frère Michel, qui saisissent le lecteur.



Le titre évoque un « héritage », il s’agit d’un legs spirituel, indicible. Paul Valéry a écrit quelque part « le silence me parle de près » ; en dépit de l’éloignement temporel et spatial, la vie de ces moines, leur aura silencieuse et pleine de noblesse et de générosité ne peuvent pas ne pas continuer d’interpeller aujourd’hui les consciences.

Ces frères n’ont pas cherché à mourir en martyrs et surtout ils vivaient paisiblement, intensément, leur foi, dans la discrétion en cette terre d’Algérie, humbles parmi les humbles et pourtant si riches par ailleurs

Ils ne sont pas morts en croisés, ils ne cherchaient pas à convertir.

Dans le respect de cet esprit, dans chaque contribution de ce livre, il n’y a pas l’ombre d’un mot vindicatif, de ressentiment.

C’est si apaisant de lire que les hommes d’église qui ont écrit dans ce livre n’ont pas esquissé l’ombre d’une virgule qui pourrait s’apparenter à un début de plaidoirie théologique militante, dans l’esprit d’une guerre de religion, qui fut si longtemps dans les gênes de l’église catholique (elle n’en a pas le monopole) et qui aujourd’hui, sous l’émotion d’évènements dramatiques libère des paroles d’intolérance extrême et mortifères.

Les sept frères, (chiffre symbolique sacré) sont morts non pas parce qu’ils étaient moines chrétiens mais parce qu’ils représentaient tout simplement la vie, l’espoir d’un monde plus fraternel, dans la tolérance et le respect de chacun et le désintérêt ….tout ce que les intégristes de toute religion, de toute époque, détestent et qui dépasse leur entendement.



Quel héritage donc ?

Que l’homme est et restera un loup pour l’homme ou que la fraternité, l’amour transcendent la mort ?



A cet égard, la pensée d’Albert Camus ne peut pas ne pas être évoquée, lui qui refusa de choisir entre le radicalisme des deux camps et cette descente aux enfers et rêva d’une société où, sur ces mêmes terres d’Algérie, chaque communauté vivrait en paix dans la justice sociale.

On pense tout aussi spontanément à la vie et à la pensée de Pierre Rhabi.

On préfère privilégier l’oeuvre de ces hommes qui permettent de (sur)vivre spirituellement à la réalité de ces actes de barbarie.



On regrettera simplement dans cet ouvrage polyphonique, préfacé par le pape, l’absence, paradoxale, d’espace d’expression pour la communauté des hommes et des femmes qui a côtoyé étroitement les moines pendant toutes ces années .



Un livre, oui pas commercial, grave mais bienfaisant dans le contexte actuel, à lire absolument

La grâce d’une basilique : Fourvière [Lyon] – éditions de la Nuée Bleue, 2014 (ISBN 978-2809912487)



Impossible de tarir d’éloges sur l’édition de cette collection «la grâce d’une cathédrale» par les éditions de la Nuée Bleue : pour un prix dérisoire (que les râleurs comparent avec les volumes Citadelle et Mazenod), vous disposez d’un volume à la présentation somptueuse, remarquable, élégante, un ouvrage solidement relié, avec une qualité de restitution des photos qui frise l’exceptionnel.

Intellectuellement, vous bénéficiez de l’insondable force de frappe de l’Eglise Catholique et Romaine, qui fut et reste depuis deux millénaires – entre autres caractéristiques – une véritable usine à sélectionner les intelligences (via par exemple les maristes, mais avec le sommet, jamais égalé nulle part ailleurs, des "adorables" jésuites). Dans ces volumes, traitant de tous les aspects de la vie et de la présence d’une cathédrale, s’expriment les meilleurs spécialistes en matière d’architecture, d’urbanisme, d’histoire de l’art et même d’histoire de la religion chrétienne.

Pour plus d’informations sur tous ces points, il vous suffit de vous rendre sur le site Web des éditions de la Nuée Bleue, où chaque volume de cette collection bénéficie d’une présentation intelligente et convaincante, incluant la présentation de la table des matières détaillée ainsi que la possibilité de feuilleter quelques pages.



Concernant la basilique de Fourvière, j’ai eu l’occasion de m’y rendre deux ou trois fois. Je l’avoue, ce type de construction (cf le Sacré-Cœur de Montmartre à Paris) ne déchaîne franchement pas mon enthousiasme. Ceci étant, il est extrêmement méritoire d’accueillir dans une telle collection un ouvrage consacré à une construction de la fin du dix-neuvième siècle, et de le traiter avec la même rigueur intellectuelle que les grandes cathédrales "nobles" et célèbres de l’époque gothique. Connaître le contexte particulier qui présida à sa construction permet de nous rendre compte de la vitalité qui caractérisait la foi catholique encore à la toute fin du dix-neuvième siècle.



Même lors de la publication de ce volume, je confesse (c’est de circonstance, en ces lieux papistes) avoir persévéré dans l’acquisition de tous les volumes de cette collection…



Faites-vous plaisir, n’hésitez pas à acquérir le volume relatif à "votre" cathédrale.