Seconde partie du teasing du roman "la première page"
Editions le bas vénitien
Disponible partout
On peut penser légitimement, sur la foi de l'histoire de la pensée, que l'homme est sorti de l'âge stupide, il est plus intelligent, plus ouvert, moins raciste, c'est vrai. Mais si l'on prend le temps de mesurer sa tendance à l'autodestruction, sa confiance aveugle en sa propre raison et ses prolongements technologiques, et sa peur d'affronter ce qu'il y a de con en lui, alors oui, on peut raisonnablement penser que nous sommes dans l'âge con, dans un monde d'une connerie qui dépasse évidemment l'imagination du con lui-même, et même des rares êtres qui ne souscrivent pas à cette connerie.
La vie c'est comme une cigarette, les premières bouffées, on est scotché, c'est l'enfance, c'est deux cents pour cent, après tu savoures, et tu dégustes aussi, et quand tu t'approches du grand filtre, putain, t'as la nausée, tu sens que tu te rapproches de la fin. Tu contemples la cendre qui s'éteint, au bout.
L’automne précédent, la chute de Lehmann Brothers avait
précipité nombre de peuples dans une absence de perspectives
claires. Navigation à vue. Cabotage. Attention aux
écueils, relances mal assurées et dettes publiques
devenues colossales. Comme beaucoup de leurs contemporains,
les habitués du lundi se rendaient compte que
l’avenir allait s’inscrire désormais en lettres sombres. Dans
un coin de leur tête, dans les coins peut-être de toutes les
têtes, un sourd instinct de survie grondait plus fort
qu’auparavant. Des plans B à élaborer, des redirections à
prendre. Des switch à imaginer. Car ils n’en pouvaient plus
de leur vie minable, écrasée, réduite à presque rien, tous
autant qu’ils étaient.
"je suis une vague, je déferle puis me retire. Après, on peut compter le temps entre ses mains."