Je ne sais pas ce qu'il faisait là le militaire, en tout cas, on ne l'a pas vu longtemps : il a tourné de l'œil très vite et il a fallu le porter au café Jacques. Ce pavaneur n'avait jamais dû approcher d'une baïonnette, sauf dans une armurerie, et encore ! Ca se voyait à son uniforme repassé impeccablement, et taillé comme pour un mannequin de chez Poiret. La guerre, il devait la faire près d'un bon fourneau en fonte, assis dans un grand fauteuil de velours, et puis la raconter le soir venu, sous des lambris dorés et des pampilles de cristal, à des jeunes filles en robe de bal, une flûte de champagne à la main, parmi les flonflons perruques d'un orchestre de chambre.